Dans les coulisses du Noël provençal

Publié le 28 novembre 2010 par M4ri4

Bonne Mère ! même Noël est différent ici.

Noël en Provence commence le 4 décembre avec la Sainte Barbe et prend fin le 2 février avec la Chandeleur.

Même si la Saint Clément est derrière nous, on va donner tort au dicton « passé la Saint Clément, ne sème plus de froment » car le 4 décembre, on plantera le blé (normalement dans trois coupelles qui correspondent à la Trinité). Comme la période est propice à la générosité et au partage, on fait une bonne action en achetant le blé de l’Espérance.

L’Avent marque les préparatifs, on achète le sapin, on profite du marché de Noël pour compléter la crèche auprès de notre santonnier attitré.

Le 24 au soir, la Famille au sens large est réunie pour le plus important repas de l’année. Repas maigre car on est en abstinence (pas de viande). Et c’est le Gros Soupa : on sort trois nappes immaculées, (toujours la Trinité), on les superpose, on y pose trois chandeliers (t’as compris pourquoi trois), les trois coupelles de blé. On sort la belle vaisselle. On prévoit un couvert pour le pauvre qui pourrait passer.

La cheminée est prête pour le rituel du Cacho-fio. Ca évoque le symbole du feu nouveau, de l’année à venir. L’aîné de la Famille prend la première bûche (d’un arbre fruitier coupé dans l’année, souvent c’est l’olivier). Il sert trois fois du vin, puis choppe le petit dernier de la Famille. Ils font trois fois le tour de la table. On chante en provençal : « Alegre, alegre, cacho fio vèn, tout ben vèn, a l’an què vèn se sian pas maï, que fuguen pas mens »

Décodeur : « Joie, joie, cacho-fio vient, tout bien vient, à l’an qui vient, et si l’on n’est pas plus, que l’on en soit pas moins »

Le doyen dépose la bûche dans l’âtre et allume le feu avec un reste de bûche de l’année précédente. C’est de l’organisation hein ! La bûche allumée, le Gros Soupa peut commencer. Plats régionaux suivis des 13 desserts.

Pourquoi 13 alors que pour l’instant tout allait par 3 ? car les 13 desserts représentent la Cène (les 12 apôtres et Jésus). Le best of est la pompe à l’huile (méfi ! c’est gras). C’est une brioche à l’huile d’olive et à la fleur d’oranger. Il est INTERDIT de la couper avec une lame, on se sert avec les mains.

Puis il y a les 4 mendiants : noix, amandes, figues séchées, raisins secs. Eux représentent les Franciscains, Carmes, Dominicains, Capucins. Pourquoi ? à cause de leurs couleurs qui rappellent la tenue des moines. Direction les bons chocolatiers.

On ajoute les calissons d’Aix, le nougat blanc, le nougat noir (il faut veiller à ne pas se casser une dent), les oranges, les mandarines, le melon, les pommes.

Ensuite il faut compter sur les croquants aux amandes (biscuits secs), la tarte au miel et aux pignons.

Le tout est arrosé de vins cuits, de liqueurs qui arrachent (liqueur de thym par exemple, ou comme dans les Bronzés font du ski).

On file à la Messe de Minuit. Surtout, on laisse tout en plan. Pas d’aspirateur de table !!! Les miettes seront mangées par les « anges » de la Famille … finalement présents ou disparus tout le monde dîne.

La Messe est en Provençal. Avec du bol, il y a la Pastorale (pièce théâtralisée de la Crèche). Bougies, chants, musique.

On rentre à la maison. On met le premier santon dans la Crèche : on dépose quelques tiges coupées du blé, on y pose le Petit Jésus.

On met quelques remontants au Père Noël. Et on file se coucher.

Le 25 : on découvre les cadeaux. Et on remet le couvert mais avec cette fois-ci les viandes et les gibiers.

Et jusqu’en février ? et bien on peut toujours assister aux Pastorales. En janvier, on fête l’arrivée des Rois Mages avec la Brioche des Rois (ici point de « gâââlettes à la Frangipâââne »).

Pour la Chandeleur, les boulangers préparent les navettes, ces petits biscuits à la fleur d’oranger en forme de barque, celle qui fît accoster les saintes femmes venues d’Orient sur les rives de Provence aux Saintes Maries.

Bon et bien, les grandes lignes du Noël provençal sont tracées. Reste à élaborer le menu. Un coup de pouce en cuisine ? des envies d’innover et de dire « c’est moi qui l’ait fait ! » … rendez-vous au Qype Event de Marseille jeudi 2 décembre à l’Atelier de la Cuisine.