Après la publication de 391,832 rapports du Pentagone sur la guerre d’Afghanistan et d’Irak, Julian Assange et son site WikiLeaks annonce la publication de 251 287 documents diplomatiques ou plus exactement « cables » diplomatiques échangés à partir du département d’Etat à Washington et de toutes les ambassades américaines dans le monde. Pour reprendre les termes d’un diplomate américain, il s’agit d’un véritable « 11 septembre diplomatique ».
Les mémos proviennent d’un réseau militaire crypté (SIPRNET ou Secret Internet Protocol Router Network) séparé de l’internet « civil » et propriété du département de la défense à Washingtown. SIPRNE est aussi utilisé par l’administration américaine pour échanger des documents classifiés « secret » et utilisé par quelques 2,5 millions de fonctionnaires américains.
Historiquement les documents couvrent une période de 1966 à mars 2010, toutefois 90% d’entre-eux sont datés de 2004 à 2010. 16 652 mémos sont classifiés « secret » et 101 748 sont »confidentiel ». Géographiquement, les mémos ciblent de nombreuses nations, une représentation infographique du Spiegel permet d’en apprécier l’éventail. Moins de 1000 d’entres-eux concerne la France. D’après Owni, Matignon et le Quai d’Orsay n’ont pas souhaité réagir. Il semble que la France soit largement égratignée à travers les mémos échangés entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.
Quelques cent vingt journalistes de cinq journaux, The New York Times pour les Etats-Unis, The Guardian pour la Grande-Bretagne, Der Spiegel pour l’Allemagne, El Pais pour l’Espagne et enfin le Monde en France, ont eut la primeur de ces mémos pour en faire l’analyse. Une collaboration qui est à son échelle une véritable première pour la presse.
A la suite de l’examen des documents, WikiLeaks a décidé de s’auto-censurer, d’une part en masquant le nom de certaines personnalités et d’autre part en évitant la publication de quelques 250.000 mémos qui concernent des dictatures ou des pays actuellement en guerre.
Majoritairement les mémos s’axent autour de la prolifération nucléaire et du problème du terrorisme. Si certains y voit un réel danger qui pourrait mettre à mal les relations et les actions diplomatiques engagés avec certains pays ou provoquer de nouvelles tensions, d’autres en pondèrent l’impact en suggérant que le contenu s’avère tout au plus gênant.
Depuis l’annonce de cette publication le site WikiLeaks est instable, il a été victime de nombreuses attaques dont il est difficile de déterminer la provenance, il faut peut-être aussi cherché du coté de son hébergeur. Ce week-end, suite au séisme diplomatique annoncé, les Etats-Unis se sont efforcé de contacter de nombreux chefs d’états et diplomates à travers le monde.
Source : Le Monde, Owni, Slate, Wikileaks, The Guardian