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Sommet, approche globale, élargissements et partenariats

Publié le 28 novembre 2010 par Egea

Je poursuis ma lecture de la déclaration finale du sommet de Lisbonne.

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Ce soir, je m'attarderai sur la question de l'approche globale et des partenariats, incluant celle de l'élargissement. Autant dans le passé cette question était "centrée" autour de la Russie, autant la question russe ne prît plus, cette fois-ci, autant polarisante. Pour le reste, le discours est assez classique (voire convenu), hormis innovation de la "structure civile appropriée mais modeste" de gestion de crise.

Approche globale et partenariats

1/ L’approche globale constitue le deuxième temps de la déclaration finale. Elle tire sa source de « l’expérience opérationnelle qui a enseigné que les seuls moyens militaires, même s’ils sont essentiels, ne suffisent pas à relever les nombreux défis complexes qui pèsent sur notre sécurité ». D’où l’approche globale qui consiste 1/ à « travailler avec d'autres acteurs » pour 2/ « combiner efficacement les instruments politiques, civils et militaires de gestion de crise ».

Dans un long article 9, plein de circonvolutions, le texte explique que chaque organisation conserve sa particularité et donc son rôle, mais que, parfois, ils ont besoin du soutien de l’OTAN. Du coup, celle-ci doit « être en mesure de planifier, d’employer et de coordonner les capacités militaires et civiles de gestion de crise que les pays fournissent pour ses missions agréées ». Ce qui justifie « de mettre en place une structure civile appropriée mais modeste ». A l’heure de la réduction , pardon, de la réforme de la structure de commandement, la création d’une structure marque un effort certain. On ne se laissera pas tromper par le « modeste » : c’est un grand pas qui est franchi, peut-être d’ailleurs parce que les autres structures dont c’est le rôle « naturel » n’ont pas réussi à la mettre en place. C'est en fait une réponse du berger à la bergère : ces dernières années, même si cela n'a pas été suffisamment noté, c'est plutôt l'UE qui venait sur le terrain de l'OTAN. Ici, pour la première fois depuis longtemps, on a l'impression que l'OTAN vient sur le terrain de la PSDC.

2/ Aussi n’est-on pas étonné que le texte évoque ensuite les relations avec l’ONU ou avec l’UE, réitérant les mêmes bonnes intentions. S’agissant de l’ONU, cette dernière demeure peu encline à travailler avec l’Alliance qu’elle trouve envahissante ; quant à l’Europe, les observateurs ont constaté que la source des difficultés résidait dans le blocage turc (et chypriote) ; il faut également signaler une certaine raideur de la part de la technocratie européenne qui n’a aucune envie de travailler avec l’OTAN (ou d’ailleurs de toucher à la chose militaire qui est mal vue). Le texte évoque l’OSCE, ce qui n’avait pas été noté depuis longtemps : le processus de Corfou et le sommet d’Astana justifient cette mention.

Élargissements

3/ La question des élargissements a animé tous les sommets de la deuxième moitié des années 2000. A Lisbonne, il en a peu été question. Pourtant, la déclaration en dit quelques mots : ils sont placés entre la théorie de l’approche globale et le partenariat avec la Russie. La disposition est logique, et dans le même temps très significative des priorités.

4/ On ne s’étonnera donc pas de lire le principe de la porte ouverte à tous les pays démocratiques de l’espace euro-atlantique, puis de citer les pays qui ont vocation à rejoindre l’alliance : ARYM (une fois une solution trouvée à l’objection grecque quant u nom de la Macédoine), Monténégro (on signale ses progrès notables), Bosnie-Herzégovine (malgré les difficultés institutionnelles, le texte rappelle « la décision prise à Tallinn en avril 2010 par les ministres des Affaires étrangères d'inviter la Bosnie-Herzégovine à participer au plan d'action pour l'adhésion » assorti e conditions). Deux articles polis traitent de la Serbie, au sujet de « la coopération croissante » mis aussi pour les efforts pour trouver une solution au Kossovo.

5/ Vient ensuite le cas de la Géorgie. Certes, sa vocation rejoindre l’Alliance est rappelée (« la Géorgie deviendra membre de l'OTAN »). On insiste sur les réformes, sur les pourparlers de Genève, pour conclure finalement par cette phrase : « nous continuerons de demander à la Russie de revenir sur sa décision de reconnaître les régions géorgiennes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie en tant qu’États indépendants ». Autant dire que si le principe est réaffirmé, les conditions n’ayant pas changé, l’intégration de la Géorgie dans l’alliance n’est pas pour tout de suite : l’alliance n’accueille pas des pays qui ont encore des difficultés de frontières et de minorités ethniques avec leurs voisins, surtout quand l’un d’entre eux se nomme la Russie.

6/ S’agissant de l’Ukraine, ce n’est pas trahir le texte que de déceler une sorte de déception : « Reconnaissant le droit souverain de chaque pays de choisir librement ses arrangements de sécurité, nous respectons la politique de l'Ukraine, qui a adopté un statut « hors bloc ». En effet, le nouveau gouvernement ukrainien, suivant en cela son opinion publique, a rejeté toute perspective d’entrée dans l’OTAN, mais aussi dans d’autres dispositifs. Cette neutralité affichée affirme quand même, ce qui est rarement remarqué, le refus d’intégrer l’OTSC, l’organisation de sécurité organisée par Moscou. Le texte insiste ensuite assez longuement sur le partenariat avec l’Ukraine.

7/ Nous laissons temporairement de côté l’article 23 (long) qui évoque la Russie et son cadre particulier (le Conseil Otan Russie) pour passer à l’article suivants qui évoque la question des partenariats : Partenariat pour la paix, Dialogue Méditerranéen, Initiative de coopération d'Istanbul sont rappelées (comme à chaque fois). Notons que si l’on ne parle pas d’une fusion des partenariats, le texte évoque la rationalisation des outils de partenariat, mais aussi de « mieux interagir avec nos partenaires dans le monde », allusion aux pays non alliés qui contribuent par les troupes aux opérations : Australie, Nouvelle Zélande, Corée.

(à suivre)

O. Kempf


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