Wikimédia : revue de presse (VIII)

Publié le 28 novembre 2010 par Pierrotlechroniqueur

Je reviens, une fois de plus, sur l'affaire Houellebecq qui n'en finit pas de rebondir encore et encore. Dernier épisode en date, relaté entre autres par Le Point, un blogueur juriste du nom de Florent Gallaire a estimé que la reprise supposée, par Michel Houellebecq, de passages de Wikipédia dans son dernier roman, la Carte et le Territoire, faisait passer l'intégralité de celui-ci sous licence Creative Commons. Une interprétation audacieuse, contestée par presque tous les spécialistes du droit de la propriété intellectuelle, et qui a poussé l'éditeur, Flammarion, à agir en justice. Pour ma part, sans trop m'avancer, je me contenterai de répéter qu'il est loin d'être acquis que l'on puisse considérer que le contenu de Wikipédia a été contrefait par l'écrivain, en raisons des reformulations et du style passe-partout. Et que, par conséquent, la base, sur le fond, de l'argumentation de Monsieur Gallaire s'en trouve affectée1. Je comprends donc la prudence de Wikimedia France à ce sujet. Pour le reste, je vous renvoie à l'excellent billet, paru ce jour, de l'ami David Monniaux.

Coyau en avait déjà parlé il y a deux jours, la Tribune de Genève le mentionne également : OpenStreepMap, le "Wikipédia des cartes", a désormais pignon sur rue sur Wikipédia, du moins pour les articles géolocalisés, comme précisé par Écrans. Un partenariat logique au sein du libre, même si je ne suis pas fondamentalement convaincu par la grande utilité de l'opération, encore moins par l'intérêt encyclopédique de la chose. Wikipédia, après tout, n'est ni un guide touristique ni un site de renseignements pratiques. Mais il paraît que le lecteur aime cela2...

WikiLeaks refait parler la poudre : comme le rapporte le NouvelObs, le wiki s'apprête à publier de nouveaux documents confidentiels concernant, cette fois-ci, plusieurs États européens. Des réunions d'urgence, notamment en Italie, ont été organisées pour préparer réponses et ripostes, tandis que Barack Obama accuse le site de mettre "des vies en danger", se faisant ainsi l'écho de déclarations de Jimmy Wales il y a quelques semaines de cela. Pas de réaction de Dieu cette fois-ci, mais plutôt de Lucifer qui, ainsi que relevé sur son blog par Hégésippe, s'est permis des tweets violents et politisés à ce sujet. Et ce, c'est le plus drôle, en sa qualité de "co-fondateur de Wikipédia", prétendant ainsi engager la communauté derrière sa bannière. Même venant de Jimbo, ce n'était pas acceptable (et encore, lui n'avait pas parlé au nom de Wikipédia, ce sont les médias qui l'avaient interprété ainsi). Alors Sanger...

Et je termine justement cette revue de presse avec cette interview, pour ITmag.com, de Saint Jimbo. Derrière les banalités et la langue de bois d'usage, j'ai relevé un propos qui me semble intéressant à commenter. C'est celui-ci : "Nous disposons d’une structure sociale complexe conçue de telle sorte à permettre un grand nombre de contrôles et de contrepoids", en réponse à une question  sur la crédibilité et la véracité de Wikipédia et de son contenu. Alors là, il faudra que Jimbo précise car, en la matière, les seuls contrepoids que je connaisse sont la vigilance et l'expertise des contributeurs bien intentionnés et compétents. Et encore... Il n'y en a bien évidemment pas d'autres. Ou alors Jimbo fait référence aux administrateurs et autres comités d'arbitrage, voire même à la Foundation, auquel cas son analyse serait extrêmement contestable, ces organes n'ayant aucune primauté éditoriale. J'imagine que Jimbo cherchait ainsi à tranquiliser le lecteur, mais son affirmation est au minimum imprécise.

Bonne semaine à toutes et tous !

1. S'il n'y a pas de reprise du contenu de Wikipédia, il n'y a pas non plus, en admettant que ce soit possible, de passage de l'oeuvre sous licence Creative Commons.

2. Il parait que c'est aussi pour lui que Wikipédia est écrite, remarquez.