SOS chrétiens !

Publié le 28 novembre 2010 par Raoul Sabas

Le 28 novembre 2010

Objet :

« SOS chrétiens ! »

Monsieur Bernard-Henri Lévy

Le Point

74, avenue du Maine

75014 PARIS

Courriel : support@lepoint.fr

Monsieur,

La publication de votre bloc-notes intitulé « SOS chrétiens ! », dans le n°1992 de l’hebdomadaire Le Point du 18 novembre 2010, me donne l’occasion, non seulement de vous rappeler les dix-sept lettres expédiées depuis le 30 mai 2000, et toujours sans réponse à ce jour - y compris celle du 4 avril 2007, pourtant envoyée en courrier recommandé avec accusé de réception -, mais surtout de dénoncer, une fois de plus, l’incohérence de votre pensée, ainsi que je pense l’avoir déjà établi à de multiples reprises - une pensée, dont semblait douter également Maurice T Maschino dans son livre « Oubliez les philosophes ! », au point de poser ouvertement la question : « Bernard-Henri Lévy a-t-il une pensée ? », même si je dois à la vérité de dire que, en la circonstance, vous n’étiez pas le seul pseudo-philosophe contemporain visé.

Il y en a pléthore aujourd’hui chez nous, dont je tiens une longue liste à votre disposition, à commencer par Maschino d'ailleurs, dont j’attends toujours la réponse à ma longue lettre argumentée du 2 août 2001. Toutefois, je ne peux manquer de rapporter ses propos savoureux sur ceux qu’il dénonce. Ainsi écrit-t-il, d’emblée, sur vos confrères et vous-même :

« La philosophie est à la mode et ses grands prêtres à l‘honneur. Souvent sollicités par les médias, solidement implantés dans les maisons d’édition, parfois chargés de missions officielles, défenseurs ardents des droits de l’homme, etc., ils sont en passe de devenir, sinon les rois, du moins les vice-rois de la cité.

D’abord intrigué par l’agitation de ce philo-circus, je ne tardai pas à m’indigner. Puis calmé, je pouffai : des philosophes, ces cabotins ? A 17 ans, j’avais pris ces drôles pour des penseurs. De près, j’aperçus des paltoquets. Des individus insignifiants (intellectuellement) et prétentieux. Avides de postes, de pouvoir et de gloriole, pontifiants et sectaires, allergiques à toute critique, contribuant activement, en un mot, à l’érection de leur propre statue.

Un philosophe s’occupe de philosophie. Ceux-là se préoccupent d’abord d’eux-mêmes. De leur image. De leur prestige à l’étranger, et, par ricochet, en France. De leur poids social.

Un philosophe sert la philosophie. Ceux-là s’en servent. Comme marchepied. Ou faire valoir. » [Fin de citation]

Il n’en demeure pas moins que la foule superstitieuse les encense, en les prenant faussement pour des philosophes, alors qu’ils sont tout aussi « intellectuellement honnêtes et courageux » que vous pour affronter LA Vérité éternelle absolue. J’entends par-là celle des mystiques authentiques, tels le Bouddha et le Christ dans leur Parole non pervertie par la superstition religieuse,qui en a fait les fondateurs d’une religion qu’ils n’ont pas voulu créer, mais aussi celle exprimée par les « vrais » philosophes du UN absolu, à l’exemple des Socrate, Platon, Giordano Bruno, Spinoza, et Constantin Brunner (1862-1937), dont vous ne pouvez plus prétendre ignorer l’existence et la pensée philosophique.

Pour revenir à la question posée à la cantonade par Maurice T Maschino sur votre pensée, ma réponse est sans aucune ambiguïté. Au vu de votre constant « tout et son contraire », voire du « n’importe quoi », déjà amplement dénoncés dans l’ensemble de mon courrier antérieur, arguments intellectuels et philosophiques à l’appui, je n’ai aucune hésitation à faire l’amalgame entre « une pensée incohérente et pas de pensée du tout ». C’est du pareil au même, car exprimer des idées fausses, ce n’est pas penser « vraiment » - sauf à cautionner une contradiction !

Du reste, si vous aviez réellement une pensée véritablement philosophique, donc ne comportant aucune incohérence sur ce plan, confondre l’absolu et le relatif par exemple, il y a sûrement longtemps que vous auriez trouvé les arguments nécessaires pour me contrer sur le fond, alors que j’attends toujours – depuis plus de dix ans ! - votre argumentation contradictoire, intellectuellement et philosophiquement étayée, sur des points très précis de désaccord en matière de philosophie proprement dite.

Pour le rappeler brièvement, LA Vérité absolue, déjà maintes fois présentée amplement, ne consiste pas à opposer entre eux des points de vue relatifs partisans, notamment en matière de religion, d’idéologie et de morale, à d’autres tout aussi relatifs et partisans, mais à les confronter, TOUS sans exception, à LA Vérité absolue qui suffit à tous les invalider dans leur prétention à exprimer l’Absolu, la réalité ou Vérité absolue.

Pour résumer toute ma correspondance antérieure sur le fond, il me suffirait de vous retourner ma dernière lettre postée le 19 mai 2008, et ayant comme objet, « Ayaan Hirsi Ali, islam, islamisme, islamophobie, "maoïsme" et boycott », pour établir votre incohérence fondée sur le penser superstitieux dans ses divers modes d’expression, auquel vous n’échappez pas sous quelque forme qu’il s’exprime – sauf à vous-même, évidemment, de réfuter toutes mes accusations, démonstration more geometrico à l’appui !

Pour mémoire et pour la énième fois, le penser superstitieux humain se manifeste dans la religion, toutes religions confondues (monothéistes ou non), dans la métaphysique (matérialiste ou idéaliste), dans l’idéologie, toutes les idéologies sans exception (altermondialisme inclus), et dans le moralisme [Morale et condamnations moralisatrices des Autres au nom de LA Morale : LAQUELLE ? !], tous catéchismes réunis, y compris le catéchisme soi-disant universel contemporain, ou Déclaration des droits de l’Homme de 1948, dont seule l’inobservation est réellement universelle – sauf encore à vous-même ou à quiconque, évidemment, d’établir le contraire à l’aune du devenir du monde depuis plus de soixante ans, et en particulier au vu du conflit israélo-palestinien, où, plus de six décennies après sa promulgation, s’affrontent toujours juifs et arabo-musulmans.

Ceci vous place dans une situation d’équilibriste particulièrement incohérente, dont nombre de musulmans vivant en France ne sont pas dupes, du moins à en juger par leurs réactions hostiles, voire violentes dans les termes, envers le défenseur de l’islam que vous affichez par ailleurs – dur, dur, d’être juif aujourd’hui et de vouloir défendre l’islam, surtout lorsque l’un de ses puissants porte-parole, en l’occurrence le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, vient, à quelques kilomètres de la frontière de l’État hébreu, proclamer son intention délibérée de détruire Israël !

Ce n’est pourtant pas faute de votre part de multiplier les occasions de faire l’apologie de l’islam, ainsi que je l’ai relevé à différentes reprises, sans manquer de vous en faire part à chaque occasion. Déjà dans ma lettre du 22 octobre 2001, quelques jours après les attentats de New-York et de Washington, je dénonçai votre propos parlant d’un « islam des Lumières » sur RMC Info, en confondant la superstition religieuse musulmane, et ce qu’elle engendre au quotidien, avec les à-côtés qui se sont manifestés en terre d’islam originelle, ou occupée comme l’Espagne médiévale, dans l’architecture et l’agencement de ses lieux de culte, voire dans les mathématiques, sans tenir pour autant Avicenne et Averroès pour de véritables philosophes, mais pour des « métaphysiciens ».

En effet, ce qu’ils nomment le « Premier Agent » est tout aussi mystérieux que le primus motor d’Aristote, le Dieu religieux monothéiste « trois en un », voire notre miraculeux big-bang contemporain, et ils terminent ainsi dans la métaphysique matérialiste d’un principe créateur de notre monde, ce qui conduit à admettre la coexistence de « deux » réalités, ou vérités absolues, car ils sont rares sur Terre à douter que notre monde humain n’aurait pas une existence absolue. En réalité, il n’existe que relativement à notre entendement spécifique humain, en dehors duquel notre monde des choses n’a aucune réalité ! ! !

Prendre notre monde pour « absolu » conduit au dualisme des absolus à savoir un Dieu ou un principe créateur et notre monde, ce qui est une impossibilité absolue par définition, comme je l’ai longuement établi dans ma lettredu 8 mars 2009 à l’intention du pseudo-philosophe Régis Debray, dont j’attends toujours la réponse sur le fond.

Dit plus simplement, LA Vérité, ou réalité, absolue ne peut-être qu’UNE, Unique, car, ce qui est absolu, est à la fois infini, éternel, immuable et parfait - ceci suffit donc à retirer à notre monde une quelconque absoluité - une existence absolue, précisément !

J’en reviens toutefois à votre récent bloc-notes, dans lequel vous avez écrit :

«  J’ai récemment déclaré, au détour d’un entretien avec l’agence de presse espagnole Efe, que les chrétiens formaient aujourd’hui, à l’échelle de la planète, la communauté la plus constamment, violemment et impunément persécutée. » [Fin de citation]

  

Et à l’appui de votre déclaration que confirme l’actualité visible du monde, vous apportez de l’eau à mon moulin « islamophobe », lequel ne confond pas la légitime critique d’idées superstitieuses, donc fausses, avec des attaques personnelles. En effet, vous dénoncez nombre de pays musulmans, où la « christianophobie » est à l’œuvre, à savoir le Pakistan, l’Iran, Gaza, le Soudan, l’Erythrée, la République démocratique du Congo, l’Algérie, l’Egypte et l’Irak, auxquels vous auriez pu ajouter l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, le Yémen et nombre d’autres pays africains, tels le Mali et le Niger, entre autres...

Par contre, à l’aune des répercussions dans la presse, je tiens pour anecdotiques les exemples de « phobie antichrétienne » orchestrée à Delhi par les fondamentalistes hindous du VHP, ou celle des régimes communistes totalitaires de Cuba, de Corée du Nord et de Chine, dans lesquels la religion a toujours été tenue pour ce qu’elle est, à savoir un mode d’expression incompatible avec le matérialisme historique - au point même de transformer en piscine, sous Staline, une église moscovite !

A SUIVRE…