Avec 700.000 déplacés parmi lesquels 350.000 personnes déplacées depuis le début de l’année 2007, le Nord-Kivu, province de l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), s'est installé dans une crise humanitaire permanente « qui a désormais atteint un niveau comparable à celle du Darfour », région de l'ouest du Soudan en proie à la guerre depuis 2003, estime le représentant spécial de l'Union européenne (UE) pour la région des Grands Lacs africains, Roeland Van de Geer.
Après avoir mené une première évaluation des besoins humanitaires dans le Territoire du Lubero, Première Urgence a décidé de lancer une nouvelle évaluation de la situation humanitaire dans la Province du Nord-Kivu et plus particulièrement dans la zone de santé de Birambizo au Nord-Ouest du Territoire de Rutshuru.
Cette mission, réalisée du 6 au 11 novembre 2007, avait pour objectif d’actualiser les chiffres disponibles pour les déplacés, recueillir des informations sur leurs conditions de vie et identifier de possibles axes d’intervention pour Première Urgence.
Nous avons rejoint la zone ciblée par route, depuis Kanyabayonga, en empruntant l’axe Bulindi – Kikuku – Nianzale à l’aller et l’axe Kibirizi – Rwindi – Kanyabayonga (qui traverse le parc de la Virunga) au retour.
Au court de cette mission, la totalité des sites à forte concentration de déplacés ont été visités par l’équipe d’évaluation qui rayonnait depuis Katwe.
Les villages de Nyanzale, Singa, Kikuku, Katsiru, Kasoko, Kihondo et Katwe ont accueilli deux vagues de personnes déplacés. Pour ce faire, des camps ont été installés par les autorités locales après avoir négocié les surfaces nécessaires avec les propriétaires terriens. A l’installation des camps, des ONG ont construit des latrines provisoires, aménagé des sources et distribué des kits non alimentaires (NFI) aux déplacés présents.
La première vague de déplacement, à partir de mi septembre 2007, provenait d’une part du territoire de Masisi où sévissaient les forces du général renégat Laurent Nkunda et, d’autre part, des villes de Mweso, Kashuga et Kalembe où la peur d’une attaque a poussé les populations à quitter leur environnement. Une partie de la population du territoire de Masisi s’était réfugiée dans ces villes et une autre s’était directement installée à Nyanzale et ses alentours.
La seconde vague de déplacement résulte de l’attaque des villes de Mweso, Kashuga et Kalembe par les hommes de Laurent Nkunda. Le 3 novembre dernier, ce sont les habitants de ces cités qui ont fuit et les déplacés qui y avaient trouvé refuge.
Les derniers chiffres connus de déplacés étaient ceux de la situation au 29 octobre 2007 établis par la Commission de mouvement de population pour le Nord-Kivu et qui ne concernait que 3 sites. Notre évaluation nous a ainsi mené vers les Présidents des comités de déplacés des villes de Nyanzale, Singa, Kihondo, Kasoko, Katwe, Kikuku et Katsiru.
A partir du mois de décembre 2007 et ce jusqu’à la fin de l’année 2008, Première Urgence souhaite ainsi apporter dans le territoire de Birambizo, une assistance auprès d’environ 10.000 familles dans les secteurs de la distribution d’urgence et de la sécurité alimentaire. Les premières actions envisagées pour répondre aux principaux problèmes identifiées, pourraient s’articuler de la manière suivante :
• Distributions d’urgence aux déplacés : Vivres du Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies (PAM), Non Food Items et kits de produits d’hygiène :
- Implantation permanente dans la zone avec un dispositif qui permette une action rapide et une bonne remontée de l’information (base arrière à Kayna, 60 km au nord de Nyanzale) ;
- Recensement initial, appui à l’enregistrement en continu des flux de déplacés et diffusion des chiffres aux partenaires ;
- Distribution d’urgence aux déplacés (en appui aux dispositifs existants).
• Sécurité alimentaire et moyens d’existence des déplacés :
- Distribution de semences maraîchères et houes. Suivi technique par les agronomes des associations partenaires ;
- Distribution de semences vivrières pour les déplacés ayant accès à la terre (dans les concessions privées ou autres) et de rations alimentaires afin de protéger les semences et faire le lien avec la récolte ;
- Aménagement de bas-fonds en Food For Work, attribution de parcelles et appui en intrants agricoles pour la mise en valeur (Les bénéficiaires seront des déplacés et des autochtones).
• Soutien aux populations autochtones (dont familles avec enfants malnutris) :
- Appui en intrants agricoles pour les familles des enfants malnutris en complément des programmes nutritionnels de Médecins Sans Frontières (MSF) et Caritas. Suivi technique par les agronomes des associations partenaires ;
- Multiplication de boutures par les autochtones avec rachat pour redistribution aux familles d’enfants malnutris (Patate douce à chair blanche) ;
- Aménagement de bas-fonds en Food For Work, attribution de parcelles et appui en intrants agricoles pour la mise en valeur (Les bénéficiaires seront des déplacés et des autochtones).
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