La jonte (2)

Par Elisabeth Leroy

Au hameau des Oubrets, niché au fond de la vallée de la Brèze, un bâtiment tout simple faisait office d'école et de Temple. Les gens du pays aiment à raconter comment les protestants tiraient des coups de feu afin d'annoncer le culte du dimanche aux ouailles des autres écarts. Un peu plus en aval, à la Pourcarés, des filons de galène (sulfure de plomb) ont été exploités du XIIème siècle jusqu'en 1970, d'abord pour le compte de l'évêque de Mende, puis pour des sociétés privées. La vallée du Béthuzon longeant le Causse Noir de la Pierre Plantée jusqu'à Meyrueis est remarquable pour ses immenses forêts à l'ombre desquelles se trouvent de secrètes bolletières (là où poussent les cèpes). Les promeneurs pourraient croire que cette belle forêt existe depuis la nuit des temps, mais il n'en est rien : c'est une jeunette à peine centenaire, l'oeuvre colossale de Georges Fabre et de Charles Flahault. En reboisant les sols dénudés par les coupes à blanc dues aux maîtres verriers, aux exploitations minières, mais aussi au surpâturage du cheptel ovin, le forestier et le botaniste luttèrent efficacement contre l'érosion et les inondations qui dévastaient les vallées. Les futaies actuelles, exploitées à des fins économiques par l'Office National des Forêts sont parsemés de magnifiques arboretums dont celui du château de Roquedols. Dans ces laboratoires grandeur nature, Charles Flahaut cherchait à acclimater des espèces exotiques afin de mieux connaître les rendements de chacune d'elles. Cent ans après leur plantation, les séquoias géants ont trouvé une terre d'accueil : hauts de plus de cinquante mètres, ils forcent le respect et l'admiration de chacun comme ces troncs jumeaux que l'on ne peut manquer de remarquer à l'entrée de Meyrueis.