Max | Souffler n'est pas jouer
Publié le 28 novembre 2010 par Aragon
C'était l'autre jour, je déambulais près des halles de Dax, il y avait un souffleur et un gratteur. Le souffleur bien sûr, soufflait. Il était manchot mais de sa seule main il tenait ferme le tuyau et balançait toute la sauce de son démoniaque et bruyant engin, l'autre, le gratteur essayait de récupérer les feuilles mortes qui s'envolaient à nouveau dans des directions invraisemblables dès qu'elle étaient posées à terre, faut dire qu'il y avait du vent ce jour-là. Mission impossible. Mais ils faisaient leurs jobs respectifs de souffleur et de gratteur.
Je me suis approché du gratteur pour lui dire deux mots en passant. Il a posé son râteau et m'a dit que ces foutues feuilles, ce n'était pas facile de les ra ra ra ma ss ss sser sser. Il était bègue, très bègue. Je vous jure que c'est vrai. Très sympathique aussi. Le vacarme de cet appareil stupide couvrait le bégaiement et nous avons fini en langage des signes. J'ai mis mes mains en porte-voix près des oreilles en affichant une mine abattue et lui m'a répondu par un oui-hochement de la tête et le souffleur qui n'était pas très loin de nous, a sans doute compris notre conversation muette et a fait un oui-hochement de la tête lui aussi. Puis je les ai laissés. Le vrombissement de cette lamentable invention recouvrait cette belle petite place mais le souffleur soufflait et le gratteur courait après les feuilles mortes...Je pensais à Prévert, ça m'a donné soif et je suis allé boire un ballon de Tursan au café de Bordeaux où j'ai mes habitudes...