Cette rubrique suit l’actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s’agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournies par les éditeurs.
En raison du nombre exceptionnel de livres reçus cette semaine, Poezibao a découpé l’article en trois séries.
série 2:
ºL’OuLiPo mode d’emploi (DVD), Doriane Film
ºAnnie Salager, Travaux de lumière, La Rumeur libre
ºFrancis Harvey, Resserre à patates, The Potato House, L’Arbre
ºDorothée Volut, Scènes extérieures, Contre-Pied
ºNikos Engonopoulous, Le Retour des oiseaux, L’Harmattan
ºChants de mort, Alidades – le chant
ºGilles Lades, Témoins de Fortune, L’Arrière-Pays
ºLuc Richer, Vendanges Tardives, Éditions Potentille
Notices détaillées de tous ces livres en cliquant sur « lire la suite de... »
ºL’OuLiPo mode d’emploi (DVD), Doriane Film
de Jean-Claude Guidicelli
Écrit par Jean-Claude Guidicelli et Frédéric Forte
avec la collaboration d'Hervé Le Tellier et Daniel Levin Becker
Bonus, interview d’Umberto Eco sur l’Oulipo (11 mn)
DVD de 58 mn
20 € - sur le site de l’éditeur
« Qu'est-ce que l'Oulipo ?
OULIPO ? Qu'est ceci ? Qu'est cela ? Qu'est-ce que OU ? Qu'est-ce que LI ? Qu'est-ce que PO ?
OU c'est OUVROIR, un atelier. Pour fabriquer quoi ? De la LI. LI c'est la littérature, ce qu'on lit et ce qu'on rature. Quelle sorte de LI ? La LIPO.
PO signifie potentiel. De la littérature en quantité illimitée, potentiellement productible jusqu'à la fin des temps, en quantités énormes, infinies pour toutes fins pratiques. »
(Marcel Bénabou, Jacques Roubaud)
Fin novembre 2010, l'Ouvroir de Littérature Potentielle fête ses 50 ans...
ou son cinquième millénaire car à l'Oulipo, chaque année compte pour un siècle.
Cet atelier de recherche, créé autour de l'écrivain Raymond Queneau et du mathématicien François Le Lionnais, est un groupe de « poètes scientifiques » qui s'est donné pour tâche d'explorer les potentialités du langage, c'est-à-dire de fournir à la littérature des structures, des règles, des formes, bref, des « modes d'emploi ». De ces contraintes formelles résultent des œuvres novatrices et souvent drôles, comme en témoignent par exemple les Exercices de style de Raymond Queneau.
Parmi les oulipiens les plus célèbres, on compte Georges Perec, Italo Calvino, Marcel Duchamp ou encore Jacques Roubaud...
L'Oulipo mode d'emploi est un portrait à la fois historique et actuel de l'Oulipo mélangeant archives, scènes de la vie du groupe et conversations avec ses membres. Semé d'astucieuses animations graphiques, ce film réjouissant nous fait découvrir un monde ludique, surprenant, protéiforme mais contraint – en un mot, oulipien.
ºAnnie Salager
Travaux de lumière
La Rumeur libre
13 €
Si peu
Le monde est chaud
il le tient entre
ses mains il en rit
de plaisir
toutefois c’est
une sensation
tactile particulière
tant de vide à saisir
grenade mortelle
plénitude vide
au jardin d’Eden
aussi comment
pourrait-il
où un défaut
d’être se signe
pourrait-il
croire réelles
ses mains
(p. 39)
ºFrancis Harvey
Resserre à patates, The Potato House
L’Arbre
Je te l’avais dit. Jamais un arbre ne viendra ici.
Et il l’embrasse pour adoucir ce qu’il dit
I told you so. A tree will never grow out here.
And kisses her to sweeten what he says.
(dos du livre)
ºDorothée Volut
Scènes extérieures
Contre-Pied, 2010
4 €
« le paysage défile, les arbres en premier, qui semblent en marche. Le contrôleur est une femme dans un costume taillé pour un homme. Tout se déplace à vive allure. Le cahier reste en place sur la tablette qui se rabat ingénieusement. Mon corps épouse les formes d’un siège qui fut d’abord dessiné avant d’être construit. J’ai acheté mon billet au prix fort, car le désir de partir était impérieux. La journée a culé comme de l’eau et me voilà assis dans un train qui va quelque part et arrivera à temps, j’en suis sûr » (extrait publié au dos du livre)
ºNikos Engonopoulous
Le Retour des oiseaux
Traduit du grec par Constantin Kaïteris
Préface de Nanos Valaoritis
coll. Levée d’Ancre, L’Harmattan
13,50 €
Nikos Engonopoulos (1910 - 1985) est resté toute sa vie fidèle à son engagement surréaliste. Son lyrisme à la fois pathétique et doué d'un humour inimitable utilise le mélange des langues, démotique et katharévoussa (langue grecque restituée) pour accentuer la tension entre le tragique et le quotidien, souligner concrètement le drame grec, la trajectoire hypothétique d'une langue insolite à travers un monde à la dérive. Il est une voix très proche de nous, une grande voix de notre temps.
ºChants de mort
Chants populaires grecs
Traduits par Michel Volkovitch
Alidades – le chant, 2010
5,50 € - sur le site de l’éditeur
L'origine de ces chants populaires se perd dans la nuit des temps et dans l'espace. Les plus anciens sont quasi millénaires, les derniers furent composés au XIXème siècle, mais l'ensemble est resté vivant jusqu'à nos jours : si on ne les chante plus, on les connaît encore et leur trace se retrouve dans certains poèmes et certaines fictions d'auteurs contemporains, qu'ils soient ou non grecs : Le frère mort – sans doute le plus connu de tous – a servi de trame, dans sa version albanaise, à l'un des plus beaux romans d'Ismaïl Kadaré, Qui a ramené Doruntine ?
Le présent recueil propose en version française trente-neuf de ces chants sur les thèmes de la mort, du passage, des enfers.
Ne portons pas les chemises des morts
laissons-les pendre aux ruines d'une tour
que la poussière et le soleil les rongent
et qu'elles tombent en poudre comme un corps
ºGilles Lades
Témoins de Fortune
L’Arrière-Pays, 2010
12 €
L’isolé
bâtit sa journée
d’un carré de soleil
balayé de vent froid
il cherche où croire
d’où partir
de quel cœur
vide et libre
de quelle absence
à tous et à soi
de quelle fenêtre
à l’infini d’un château clair sur la rivière
(dos du livre)
ºLuc Richer
Vendanges Tardives
Éditions Potentille, 2010
7 €
Il se dégage de ce livret une atmosphère qui m'évoque Chagall, cette sensation d'être à cheval sur deux mondes, celui de la réalité et celui du rêve, sauf que le réel est tout de même complexe puisqu'habité par les souvenirs ; richesse d'évocations diverses... que je vous propose de découvrir. (site de l’éditeur)
Les épis de béton à demi découverts
s’enfonçaient dans l’écume et moi je regardais
éclairées par l’hiver
sur leurs parois ces traces vertes
vagues rectangles qui semblaient
des vestiges d’affiches
et je me demandais devant quel rêve
j’étais puis j’avisai
une mouette au cou sale
qui s’épouillait non loin sur un débris de bois