Je ne sais plus.
Si je continue, si je recommence.
Je perds les choses au fur et à mesure,
l’arbre, ses feuilles,
la montagne, le jour,
la brume, les mains …
Je les perds,
je les retrouve,
je les reperds.
Oui, comment m’y reconnaître?
Parfois, l’une ou l’autre s’arrête.
Elle me regarde.
Je la regarde.
Entre nous,
un fil se tend,
et c’est là qu’il faut marcher.
En équilibre.
Prendre conscience de chaque pas,
de chaque geste.
Pour ne pas tomber.
Avancer encore.
Encore un peu.
Vers ce qui recule à mesure que j’avance.
Ou qui s’avance, et c’est moi qui recule,
qui me rétrécis,
qui m’efface.
Ne reste que le fil.
Il ne porte plus rien:
il vibre …
(Jacques Ancet)
Illustration: Alain Chayer