Deux soirées, deux passionnantes réunions. Avec un objectif commun. Démontrer la nécessité politique, économique, écologique du retour en régie publique des services publics délégués de l'eau et de l'assainissement. Le premier débat a eu lieu à la Halle aux Toiles à Rouen. A l'initiative d'une association de défense de l'eau publique, plus de cent cinquante personnes (dont de nombreux salariés de La lyonnaise des eaux aux côtés de leur directeur régional) ont écouté les arguments des organisateurs de la séance d'information et de leurs invités dont Gabriel Amar, président de l'agglomération du Lac des Essonnes. Le second débat n'était autre que l'assemblée générale annuelle de l'Association pour l'amélioration de l'environnement et du cadre de vie tenue dans la salle Mendès France de l'Hôtel de ville.
A vrai dire, si les arguments développés par les deux associations sont communs et totalement partagés, il existe une différence notable. A Rouen, les élus de la communauté d'agglomération — avec Laurent Fabius à la présidence — ont fait le choix d'une régie publique depuis le 1er janvier 2010. Il reste environ 25 % du territoire à « conquérir ». les villes de Maromme, Canteleu, Déville-lès-Rouen, Sahurs etc.sont encore en service public délégué avec la Lyonnaise des eaux jusqu'en décembre 2011. Pour la multinationale, le combat est perdu d'avance dans la mesure où elle a déjà dû baisser le prix de l'eau pour l'aligner sur celui de la CREA (1) et on ne voit pas comment une immense majorité d'élus favorables à la régie publique pourraient reculer sur un dossier pareil. Au 1er janvier 2012, 100 % du territoire de l'agglomération rouennaise sera donc en régie publique. Aucun obstacle n'est insurmontable quand le courage politique répond présent !
A Louviers, la situation est sensiblement différente. Nous n'avons pas les élus de la CASE — du moins actuellement — avec nous. Les conseillers d'opposition de gauche à Louviers (2) partagent notre combat pour un retour en régie publique, défendent nos arguments mais les élus de l'agglomération demeurent insuffisamment informés des bienfaits d'une régie publique pour les usagers, d'abord, les personnels administratifs et techniques, ensuite, et les élus, enfin, dont l'un des premiers devoirs est de veiller au bon usage des fonds publics.
J'ai rappelé devant les membres de l'association que notre combat était celui du pot de terre contre le pot de fer puisque le président de la CASE est pieds et mains liés en faveur de la société privée délégataire des nombreux services publics dont la compétence est assurée par l'agglomération. J'ai aussi souligné que tous les moyens seraient utilisés par le maire de notre ville pour tenter de nous discréditer et nous décrédibiliser. Les récents incidents de la dernière séance de conseil (le maire dit pourtant n'avoir rien vu ni rien entendu) montrent qu'il reste un farouche partisan de Véolia. La CASE paie même les loyers du PIMMS dont l'animation revient au directeur local de la multinationale.
La force de nos arguments, le travail opiniâtre que nous conduisons, la formation et l'information de nos membres, la prise de conscience nationale des élus des communes et des associations d'usagers nous encouragent évidemment à poursuivre et accentuer les actions et les réunions d'information. Il nous faut compléter notre maîtrise juridique et financière et développer une communication tournée à la fois vers les élus et vers les usagers.
Le 2 février 2015, le contrat avec Véolia sera caduc. Les élus d'alors (après les élections municipales de 2014) seront confrontés à une équation assez simple : poursuivre la délégation de service public ou reprendre en main un dossier qui n'aurait jamais dû être abandonné par la puissance publique. Le vent de l'histoire souffle dans notre sens.
(1)Communauté d'agglomération Rouen-Elbeuf-Austreberthe
(2)Claudine Duteuil (PC) Nathalie Bellevin et Christian Renoncourt (PS) Philippe Thouement (NPA).