Gallimard
Collection Folio Classique
Préface de Roger Grenier
Traductions de Madeleine Durand et Edouard Parayre
revues par Lily Denis
Paru en Octobre 2005
394 pages
7,70 euros
Quatrième de couverture : Voici des nouvelles sur le " royaume des femmes ". Ainsi, la Dame au petit chien promène son ennui et son chien sur la digue d'une station de la mer Noire. Un homme solitaire la remarque, l'aime, mais ne peut triompher plus tard de toutes les barrières qui se dressent sur le chemin de leur bonheur. Tchékhov souffrait d'une impossibilité d'aimer. Mais l'amour lui inspire émotion ou ironie (" Si vous craignez la solitude, ne vous mariez pas "), et une grande variété de tableaux : " Une nouvelle qui n'a pas de femmes, écrit-il, c'est une machine sans vapeur." L'héroïne par excellence est pour lui la femme incomprise, qui rêve d'une autre vie, inaccessible.
Si j'ai choisi de lire La Dame au petit chien pour découvrir la littérature russe, c'est parce que Bernard Schlink dans Le Liseur en fait référence. Le Liseur m'a bouleversé, c'est pourquoi j'ai décidé de lire La Dame au petit chien, en essayant de m'imprégner de cette lecture que fait Michael à Hannah.
La Dame au petit chien c'est Anne von Diederitz, aristocrate de province qui rencontre un banquier de Moscou, Dmitri Gourov lors de vacances à Yalta sur la mer Noire. Tous deux sont mariés mais ils tombent amoureux. Cette histoire d'amour est racontée avec nuance et sensibilité. Un amour impossible, un adultère qui place nos deux protagonistes dans une mise en scène dramatique. Néanmoins Tchékhov raconte leur quotidien avec une pointe d'humour qui est propre à son oeuvre. Si j'ai été touché par La Dame au petit chien, les autres nouvelles ne m'ont pas emballé. Le ton ironique de Tchékhov laisse un arrière goût amer. Si le thème est l'amour sous toutes ses formes, c'est surtout l'impossibilité d'aimer qui est mis en avant dans ce recueil de nouvelles. Les femmes sont mises à l'honneur mais ce sont bien les tourments que provoquent les sentiments affectifs et amoureux qui sont dépeints dans ce "royaume des femmes". L'héroïne est ici une femme seule, qui bien souvent n'aime pas sa vie ou une femme au regard froid, inaccessible, incomprise. Ces tableaux de femmes sont teintés de cynisme, le mariage n'est qu'un leur et l'amour bien souvent fuit. Anton Tchékhov a un regard acerbe mais très avisé et cela rend ses nouvelles réalistes.
Lu dans le cadre duChallenge Une année en Russie organisé par Pimpi