Les partisans de la réouverture de la pêche à la tortue sont en campagne pour faire avaler la pilule à une population dans sa grande majorité contre ce projet. Qui se lèvera pour s'opposer à leurs manoeuvres ! Pour le moment, pas grand monde... ou plutôt si, mais dans le désordre !
Michel Arakino, pêcheur de tortues des Tuamotu qui a déclaré publiquement lors d'une interview sur TNTV qu'il consommait régulièrement de la viande de tortue avance plusieurs arguments:
- que c'est une coutume polynésienne
- que cette coutume ne devrait pas être illégale en vertu du "droit à l'alimentation des peuples autochtones" voté par l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)
- qu'il faut ouvrir un grand débat sur le sujet
En réalité chacun sait que seuls les arii (rois) avaient le droit de manger la viande de cet animal tabu pour le reste de la population. Cette tradition ne mettait donc nullement en péril la survie de l'espèce comme c'est le cas aujourd'hui.
Quant au "droit à l'alimentation des peuples autochtones" que brandit M. Arakino, il s'inscrit dans un programme de lutte contre la faim, alors que la consommation de viande de tortue est en Polynésie plutôt un luxe (entre 5.000 et 9.000 F le kg) qu'une denrée alimentaire de première nécessité.
En fait, Monsieur Arakino, qui se présente comme un simple citoyen mangeur de tortue pour la nécessité est en fait un militant politique actif et très loin d'être dans le besoin ou avec des problèmes d'approvisionnement en nourriture.
Dans ces conditions, le débat que réclament les mangeurs et les pêcheurs de tortues ressemble plutôt à lobbying d'une minorité aisée pour faire passer une réglementation en leur faveur.
Mais cette minorité pourrait bien avoir gain de cause en ralliant des élus prêts à les soutenir pour avoir leurs voix. Le conseil des ministres n'a-t-il pas donné un avis favorable ? (voir article des Nouvelles du 27 octobre)
du parti de Sandra Levy-Agami, Te Mana Toa.Photo: Claude Jacques, Tahiti Presse
Cette situation inquiète les défenseurs des tortues, certes très majoritaires mais peu organisés et peu soutenus par les élus. Comme le dit Quito Braun Ortega: "Nous, les défenseurs des tortues marines, aurions intérêt à nous structurer très rapidement pour ne parler que d'une seule voix...!"