Voici la transcription du discours prononcé par Yves-François Blanchet à cette occasion. Pour visionner la vidéo, rendez-vous sur la page officielle Facebook www.facebook.com/YvesFrancoisBlanchet
«Mme la Présidente, je vous remercie et je vais faire en échange un aveu... quelques aveux, en fait. Jusqu'à récemment, je ne connaissais que peu de chose du prix Polaris, comme la plupart des Québécois, et pourtant... Un prix Polaris, c'est quelque chose de rare. Un Polaris, ce n'est rien de moins que le prix décerné au meilleur album du Canada et du Québec, que je combinerai pour l'exercice. Très peu ont été remis au Québec et encore moins à des albums en français. On a même droit à un petit tollé tout «Canadian» devant la remise de ce prix à Karkwa. Mais le talent a ceci de magique, il ne connaît que sa propre force, sa propre magie, son propre charisme et cette aptitude unique à prendre assise sur les sens pour rejoindre les émotions, et dès lors il n'y a plus de frontières. Ces aptitudes et ces qualités, personne ne doutait que Karkwa les ait eues. Maintenant, encore plus de gens le savent.
Je me permets un autre aveu, Mme la Présidente, je suis un peu... un tout petit peu plus familier avec les prix Félix. Un Félix, c'est notre reconnaissance à nous, notre musique, notre art, nos mots et nos mélodies, le miroir ondulant de notre âme changeante. Un Félix, c'est quelque chose, croyez-moi. Demandez-le à tous ces artistes qui, chacun à sa façon, qui en riant, qui en criant, qui en pleurant, qui en récitant le chapelet des remerciements réalisent et vivent un rêve en mettant la main sur la lourde statuette dont les courbes évocatrices ont suscité les plus coquins des commentaires. C'est un rêve, croyez-moi. Et la musique alternative, au fond, qu'est-ce que c'est? Permettez-moi le raccourci. La musique alternative, c'est la musique nouvelle, celle qui se démarque par sa différence, son unicité, son audace, sa force et son originalité. La musique alternative, c'est celle qui emprunte des chemins vierges vers des destinations encore peu explorées. L'alternatif est à la musique ce que la transparence est à la politique, un phénomène novateur, rare et audacieux. C'est la musique qui défie les limites de l'imaginaire sans jamais en atteindre l'extrémité.
Le Félix de l'album alternatif, c'est un peu symboliquement tout ça. Reconnaissons-le, les prix ne seront jamais que des symboles, un objet, une reconnaissance, une ponctuation heureuse dans une mélodie qui vient de loin et ira encore de l'avant. Les prix ne sont pas l'art, ils en sont la célébration, et c'est bien pour célébrer la musique, la créativité, la nouveauté et la durée de la carrière et du talent de Karkwa que nous les recevons aujourd'hui à l'Assemblée nationale. Je salue donc Louis-Jean Cormier, François Lafontaine, Julien Sagot, Martin Lamontagne et Stéphane Bergeron, toute leur équipe, et bien sûr vous me permettrez de croire qu'un gérant, fût-il absent... c'est bien commode, un gérant. Je salue donc aussi Sandy Boutin.
Parce qu'une nation, et, plus qu'aucune, le Québec, ne vaut jamais davantage que la reconnaissance qu'elle offre à ses artistes, Mme la Présidente, nous félicitons aujourd'hui les créateurs, interprètes et artisans qui ont forgé le succès de Karkwa.»