Est-ce que les caricatures et les monstruosités du Darwinisme, au corps défendant de Darwin, auraient pu le faire douter de l'Evolution, humaine, traduite dans une philosophie d'un temps d'addition, avec "le progrès" ? Dans cette "évolution", anthropologique, l'intelligence est une donnée, un fait ainsi qu'une absence, puisqu'il y a une dynamique historique qui cherche à connaître plus et mieux. Dans ce domaine, encore, le fixisme essentialiste permet de dormir tranquille, donc de dormir, mais dans les faits attestés, le bon sens et l'intelligence ne sont pas les choses les mieux partagés, et notamment de ceux qui pensent ne pas en manquer, ne pas en avoir besoin en sus. L'intelligence humaine est en partie interprétative et foncièrement interprétatrice. Une interprétation de "l'Evolution" a pu laisser penser, rejoignant les prétendues "philosophies du progrès", que les hommes du 19ème siècle européen et "civilisé" étaient des êtres supérieurs, qu'ils soient prussiens pour Hegel et consorts, comme anglais pour quelques darwiniens essentialistes. Mais leurs actes cognitifs, leur contribution générale aux connaissances humaines, de l'espèce, et entre ses membres, méritent d'être lucidement examinés, évalués. L'interprétation courante de la pensée de Darwin selon laquelle elle ferait une théorie de l'Histoire construire sur un rapport d'opposition simple entre les forts et les faibles attribue à des sujets le fait de leur force, comme s'ils en étaient les génies, alors qu'ils sont les usagers profiteurs relatifs d'une force qui progresse, mais toujours sous conditions. L'Histoire de la vie établit même que des "forts", comme les dinosaures, ont pu être des faibles qui, confrontés à une loi d'airain, n'ont trouvé aucune solution pour survivre et que la vie, pour survivre, a préféré se miniaturiser. Des "faibles", des "petits", se sont révélés plus forts pour survivre, et il en va aussi avec les insectes, des petits mammifères, et les virus. Mais en outre, les forts-faibles dépendent de faibles-forts, au point que, sans eux, ils sont morts. Et dans aucune espèce, des "différents formés" (ce que des humains appelleraient des "handicapés") ne sont éliminés par d'autres membres de la même espèce. C'est pourtant ce que des Darwiniens ont cru pouvoir "trouver" et "reproduire" dans leur pensée et leurs projets, avec l'eugénisme-racisme. Patrict Tort se tuerait presque à le répéter : Darwin n'a jamais été aussi délirant puisque ce genre de projet repose sur une NEGATION de la loi vitale empathique, qui est un acquis de la vie, un acquis utile et honorable de la vie sensible et intelligente. En effet, Darwin a autant étudié et réfléchi à l'évolution-évolutions non humaine qu'humaine, et dans cette évolution humaine, il y les sentiments et les pensées déterminés par l'universalité, et dans sa traduction humaine, la fraternité. L'Autre, humain, même s'il ne me ressemble pas, ne parle pas la même langue que moi, n'agit pas en tout comme moi, est mon frère, appartient bien à une ESPECE VIVANTE COMME MOI, et dès lors, toutes les négations, à commencer par le racisme, sont impossibles (cf. les prochaines notes sur le livre et sur Darwin).
"Comment l'avez-vous découvert? Comment est née votre passion pour l'homme et son œuvre?
C'était il y a trente ans en Afrique noire [Patrick Tort fut professeur, puis directeur pédagogique à Abidjan, en Côte-d’Ivoire, entre 1975 et 1982], alors que tout le monde croyait que Darwin justifiait l'écrasement des faibles et des colonisés. On sait aujourd'hui qu'il mesurait au contraire le degré de civilisation d'une société d'après le niveau atteint, grâce au développement des instincts sociaux, de la rationalité et de la sympathie, par la protection qu'elle assure aux démunis et aux vaincus."
L'Institut Charles Darwin