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Diversité et perfomances à Sciences Po

Par Gangoueus @lareus
J'aimerai revenir sur une rencontre à laquelle j'ai pris part samedi à Sciences Po Paris. Le temps m'a fait un peu défaut cette semaine et vu que le temps du blogueur n'est pas forcément celui du journaliste, l'essentiel est dans cette trace proposée avec ma lecture personnelle des événements.
Le Club Efficience organisait en partenariat avec l'ambassade des Etats-Unis en France et Sciences Po Paris un forum sur le thème Diversité et Performances : regards croisés France Etats-Unis. Je ne m'étalerai pas sur la sainte méfiance que le concept de diversité suscite à mon niveau. Un de ces mots politiquement corrects dont on use et on abuse et qui, dans l'immensité d'une majorité écrasante, semble vous désigner comme coupable d'être un problème. Parce que vous êtes une femme, un handicapé, un noir, un arabe ou je ne sais quelle autre monstruosité. Un problème à intégrer dans un univers élitiste comme les grandes écoles françaises, les universités, les prépas, le monde des entreprises, celui des médias ou encore celui de la politique. L'idéal républicain peinant à moudre tous ses grains, il faut croire qu'il y a de la caillasse dans l'engrenage, on exporte des concepts d'ailleurs pour faire avancer le schmilblick. D'où la notion de regards croisés avec les Etats Unis où le concept de diversité est une conséquence du combat pour les droits civiques d'une minorité bafouée, dont on ne reviendra pas sur l'histoire pour ne pas faire basculer cet article dans le pathos.
Curieux en venant à cette rencontre, le premier sentiment que j'ai en y repensant, est l'aveu de l'échec de l'idéal républicain assimilationiste par l'introduction de ce concept de diversité en France.
Le second constat qui m'a frappé dans ce grand amphithéâtre de Sciences Po, malgré l'afflux d'un public très divers et nombreux, ce fût l'absence évidente des étudiants de Sciences Po. Quand on sait que cette institution forme de futures élites dans les domaines variés de l'administration de la cité, dans les médias, dans la gestion des ressources humaines, on est en droit de se poser des questions. Vu la qualité des intervenants. Est-il pertinent de parler de diversité, sous l'angle des différents apports culturels, des différents parcours, quand autour de nous la mondialisation exige une capacité d'adaptation pour les grandes entreprises qui dépasse les problématiques franco-françaises? Enfin, ils doivent avoir un module sur la question...
J'ai assisté aux deux premiers ateliers très intéressants abordant le thème Diversité et performances respectivement dans l'Enseignement supérieur et dans l'Entreprise.
Sur l'enseignement supérieur, il m'a paru intéressant de constater les efforts menés par des institutions comme le lycée Henri IV ou Sciences Po. Bon, j'aurai aimé que ça castagne un peu sur la question du concours d'entrée. Parce que finalement tous ces étudiants issus des ZEP qui entrent un peu par la fenêtre dans cet établissement réussissent aussi bien que les autres de l'aveu des représentants de Sciences Po. On aurait aimé en savoir plus sur ces partenariats de Sciences Po avec certains lycées et le mode de sélection des candidats. Je note quelques points importants sur lesquels Hakim Hallouch, responsable du pôle égalité des chances à Sciences Po, est revenu pour répondre au nombre faible de candidatures vers SP :
- l'autocensure des lycéens issus de la diversité (ce n'est pas pour nous!)- les moyens financiers- l'absence d'une information personnalisée- le billet social (le concours)
15% des élèves viennent des conventions prioritaires entre Sciences Po et des établissements du secondaire. Introduction d'une diversité réelle à la fois géographique, sociale, internationale (étudiants étrangers), culturelle.
La question de l'orientation des élèves au secondaire est revenue plusieurs fois sur la sellette. Comment faire saliver les élèves sur des métiers quand les conseillers à l'orientation aussi qualifiés fussent-ils, ont rarement tâté le terrain de l'entreprise?
Une question révolutionnaire a été lancée par Carole da Silva, directrice de l'AFIP, à savoir : Faut-il revoir les conditions d'accès aux Grandes Ecoles françaises?Cette dernière revient sur l'absence d'information déjà évoquée par Hakim Hallouch. A l'heure d'Internet, on peut se poser des questions. Elle insiste sur le caractère impératif de permettre l'élargissement du champs des possibles à tous ces jeunes pour que le principe d'Egalité ne soit pas un leurre.
Le regard de l'américain : James Cohen, universitaire installé en France depuis 1977.Il aborde frontalement la question de la discrimination positive. Le mot est lâché. Elle génère selon lui des complexes et de fait on retire des places à des personnes compétentes pour faire du racisme à rebours. Son experience d'étudiant aux Etats Unis fut riche du fait de l'introduction de cette diversité sur le campus. Cependant, c'est une approche qui ne répond pas au problème fondamental de la redistribution des richesses dans son pays.
J'ai bien aimé sa conclusion, un poil confuse, que je paraphrase : Si cette rencontre permet de banaliser la diversité, alors elle est utile.
Je passe sur l'entreprise. J'y reviendrai peut-être... Un aspect tout de même à souligner que je laisse à votre réflexion : l'introduction de la diversité dégrade la performance. L'introduction seulement...

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