L’âge bête
Balthazar
Se met en retard
Systématique
Quand il se rend
A son cours d’informatique.
Pourtant ses parents
Le réveillent toujours
Assez tôt. « Bonjour ! »
Il les embrasse
Et rêvasse.
Encore tout ébouriffé,
Il boit son café,
Joue avec une mandarine,
Lambine,
Lèche sur sa tartine
La confiture de griotte,
Ajoute du beurre et grignote
Puis, ceinture serrée,
Vissé, le béret,
Lentement il sort.
Word
Attendra.
C’est extra !
Walkman
Branché, il flâne
Le long du quai
Malaquais.
Sur le parapet de grès,
Guilleret,
Il glisse les doigts, la paume.
-Sensation délicieuse,
Voluptueuse-
Il en oublie son diplôme
Et son tyran de prof,
Un ex-sous-off.
Avant-hier, cet abruti,
Voulut prouver qu’il avait de l’esprit.
Pour un exercice mal compris
Par Baltha, il prit sa barre d’outils
Et lui flanqua une bonne dégelée
Sur les onglets.
Vexé, n’ayant pas ri,
Et les doigts meurtris,
Balthazar
N’arrive plus en retard.
Au cours, il ne met plus les pieds.
Il se contente des polycopiés.
Mais il eut tort d’aller rue des Perdrix
Porter plainte à la gendarmerie.
Il eut beau faire voir
Les touches bleu-noir
De son clavier déglingué
Et ses logiciels flingués.
Peine perdue.
Un des poulagas
Reconnut
Baltha
A sa drôle de bouille.
On ouvre un dossier.
On le fouille.
Baltha, est scié.
Dans sa manche,
L’enquêteur
Découvre deux cartouches-couleur
Bourrées de poudre blanche.
Et au fond de sa poche-revolver,
Le brigadier bute sur un caillou vert,
Une belle petite émeraude
Que ce rat
De Baltha
Avait acquis en Suisse et en fraude
Pour l’offrir à sa souris.
Baltha fit appeler son big pacha
De papa, et tout marcha
Comme sur des roulettes.
Monsieur Packard Hewlett
Arriva à fond la caisse.
"Qu'est-ce ?"...
Le gendarme dut libérer le gosse
Ronger son os.