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Sont-ils intouchables ?

Publié le 27 novembre 2010 par Letombe

Sont-ils intouchables ?Les affaires politico-judiciaires sont rebondissantes. Plus la trame des enquêtes et des révélations se déroule, plus on se rend compte que ce sont souvent les mêmes personnes qui y sont citées, sans jamais être vraiment inquiétées. Et si il y a bien des faits, des délits, des victimes, les acteurs dans ces affaires jouent suffisamment bien leur rôle de soutien, de couverture, pour que la justice ne passe pas ou si peu.

J’avais été étonné d’apprendre la nomination d’Alain Juppé au poste de ministre de la défense. Depuis l’accord de coopération militaire avec les britanniques, il est quand même gênant que ce soit les journalistes anglais qui nous rappellent que le gouvernement français compte désormais parmi les siens un personnage condamné en 2004 à 18 mois de prison avec sursis et à 1 an d’inéligibilité pour financement illégal d’un parti-faits de prise illégale d’intérêts-emplois fictifs. Il était au moment des faits trésorier du RPR.Il est tout de même cocasse de voir rentrer dans ce nouveau gouvernement quelqu’un qui a été condamné pour le même type de faits aujourd’hui reproché à Mr Woerth, ministre du travail sortant, ancien trésorier de l’UMP…Il y a un lien (troublant) à faire dans l’actualité judiciaire et politique de la semaine à partir de Mr Juppé : c’est le dépaysement de l’affaire Woerth-Bettencourt annoncé pour la juridiction de Bordeaux.

Pourquoi Bordeaux ? Est-ce parce que la ville accueille l’école nationale de la magistrature ? Certes il y a un pôle économique des affaires qui spécialise cette juridiction, mais comme c’est le cas aussi à Marseille ou Lyon ! En tout cas l’explication d’impartialité ne pourrait nous satisfaire, car cela voudrait dire que l’indépendance de la justice n’est pas la même à Paris. Une sorte d’aveu ?

Troublante réaction de l’avocat de Liliane Bettencourt, Mr Georges Kiejman, qui déclare : « Ce procès ne pouvait pas avoir lieu à Nanterre. L’actuel président de la Cour de cassation est passé par Bordeaux. J’ai moi-même déjà plaidé dans cette ville et j’y ai des amis. »

On ne peut pas reprocher aux magistrats, aux avocats, d’avoir des amis. Mais dans les affaires politiques et judiciaires, c’est tout de même particulier. Il y a souvent des collusions dérangeantes, il y a les amis du premier cercle, intimistes, personnels, les amis de longue date, et il y a des amis.

Et nos hommes politiques ont eux aussi des amis, qui peuvent devenir des ennemis politiques, l’action politique dérapant, et comme ce fût le cas pour Villepin-Sarkozy, la confrontation passe par le terrain judiciaire pour gagner un combat politique.

Si on romance cela, on peut imaginer que l’affaire Clearstream est une réponse au Karachigate. Si l’on veut s’en convaincre il faut se replonger dans le contexte de forte dissension du RPR lors de l’élection Présidentielle de 1995.
E.Balladur, premier ministre, veut faire campagne contre le Président Chirac. N.Sarkozy se rallie à la candidature de Balladur ; dès lors deux camps s’affrontent.

Hier l’ancien premier ministre Dominique de Villepin était entendu comme témoin par le juge Renaud Van Ruymbeke, qui enquête sur un volet financier de l’affaire Karachi.
Il a confirmé l’existence de « très forts soupçons de rétrocommissions » —c’est-à-dire des faits de corruption— dans deux contrats, dont celui de vente de sous-marins au Pakistan en 1994, rétrocommissions qui auraient pu financer la campagne d’E.Balladur.

Si Mr Villepin se défend d’un règlement de compte, et d’une volonté d’assécher les comptes de campagne de Balladur à l’époque, il répond surtout à un possible dépôt de plainte contre lui pour homicide involontaire des familles de victimes de l’attentat, une action terroriste qui a couté la vie à 11 ingénieurs et techniciens Français.

Nous ne connaitrons probablement jamais quels sont exactement les tenants et les aboutissants de ces affaires. Sous couvert de protection des intérêts de la France, le secret couve et protège les personnes décisionnaires dans ces affaires. En témoigne le refus de Jean Louis Debré, président du conseil constitutionnel (et proche de Chirac), de transmettre à Renaud Van Ruymbeke les délibérations sur les comptes de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995, car elles sont couvertes par le secret pendant 25 ans. (Merci à
Le juge espérait éclaircir avec ce document l’origine de versements en espèces non justifiés de plus de 13 millions de francs.

On voit bien que le cercle des amis est encore assez présent pour verrouiller l’avancement des enquêtes. Il n’y a pas de grande conspiration, mais des petits arrangements entre amis, des postures plus destinées à remporter des combats politiques qu’à faire éclater la vérité.

Par Stef pour « Betapolitique«

Section du Parti socialiste de l'île de ré

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