Monsieur le président du Conseil économique, social et environnemental régional,
Mes chers collègues,
Nous sommes réunis aujourd’hui pour débattre des orientations de notre budget pour l’année 2011.
Ces orientations reprennent très largement celles du document présenté en avril qui fixent le cap de notre action pour la durée de la mandature.
En 6 mois seulement et malgré un contexte difficile, nous avons su conduire des chantiers importants comme la création du service public régional de formation ou la remise à plat de la politique régionale du logement, pour ne citer que ces 2 exemples.
Bien sûr, il reste encore beaucoup de choses à faire et nous voulons profiter de ce débat pour vous présenter nos priorités pour l’année 2011.
Nous en avons retenu 4, et la première c’est d’abord bien évidemment l’emploi, et en particulier l’emploi des jeunes. C’est ensuite la formation, qui passe d’abord par l’École laïque publique et gratuite, qui permet à chaque jeune de prendre en main son avenir. C’est aussi notre combat quotidien pour permettre à chacun de bien vivre dans notre Région, quel que soit l’endroit où il habite. C’est enfin notre responsabilité de porter une grande ambition pour la Picardie, avec l’exigence de l’excellence chevillée au corps pour chacune de nos interventions.
Le Conseil Économique, Social et Environnemental régional nous incite à hiérarchiser ces priorités. C’est précisément l’exercice difficile auquel nous nous livrons. Votre rapport de qualité, comme à l’accoutumé Monsieur le Président, illustre d’ailleurs cette difficulté, puisque dans le même mouvement, vous insistez sur la nécessité de faire des choix et vous regrettez l’abandon de telle ou telle politique qui ne relève pas des compétences du Conseil régional, que nous avions pu accompagner dans un contexte financier plus favorable, dans un souci de rattrapage.
Il faut par ailleurs le rappeler, nous sommes bien dans un débat d’orientations budgétaires, pas dans le débat budgétaire lui-même, encore moins dans l’individualisation de crédits à l’occasion d’une Commission permanente.
De ce point de vue, l’exercice auquel nous convie ce DOB doit sans doute concerner tout autant les principes et la méthode.
Je voudrais insister ici sur 2 principes essentiels. Celui de la solidarité active pour l’exercice de nos compétences d’abord. Nous voulons tout faire pour protéger celles et ceux de nos concitoyens qui en ont le plus besoin. Celui de la préparation de l’avenir pour la Picardie ensuite. Notre collectivité a la responsabilité de la prendre en main. L’un et l’autre sont d’ailleurs souvent liés.
Lorsque nous permettons à des jeunes de poursuivre des études supérieures, lorsque nous finançons des bourses de recherche, nous contribuons à la fois à l’amélioration du quotidien tout en faisant le plus bel investissement pour l’avenir de notre Région.
La même logique est à l’œuvre lorsque nous mobilisons nos outils de formation pour les jeunes sortis trop tôt du système scolaire, pour leur redonner la chance d’une nouvelle insertion professionnelle.
Quand nous nous engageons dans la production et la maîtrise de l’énergie, nous contribuons dès maintenant à baisser la facture énergétique tout en participant à la construction d’un modèle de développement soutenable.
De la même manière, être solidaire des salariés qui se battent pour défendre leur outil de production, c’est défendre la base industrielle indispensable pour que la Picardie prenne toute sa place dans les éco technologies et les industries de demain.
Cette préoccupation se traduit dans les équations budgétaires par la nécessité de maintenir un haut niveau d’intervention tout en se gardant les marges de manœuvres pour être au rendez-vous des investissements structurant pour notre Région.
La réforme fiscale que nous n’avons pas voulue limite nos moyens, nous retire toute ressource dynamique et casse le cercle vertueux du retour d’investissement.
Cela nous amène comme vous l’indiquez à faire des choix non pas sur les objectifs qui restent les mêmes, mais sur la méthode, qui doit prendre en compte la nouvelle répartition des rôles et des ressources.
Nous ne pouvons pas ignorer que la réforme fiscale se traduit par un transfert de charge des entreprises vers les ménages, que cela donne à nombre d’entre elles un peu d’oxygène supplémentaire, que nous ne pouvons en conséquence ajouter les subventions aux baisses d’impôts.
Pour autant, ces choix fiscaux du gouvernement ne répondent pas aux difficultés que rencontrent nombre d’entreprises pour financer leur développement, bénéficier d’un environnement favorable à leur activité.
C’est pour cette raison que nous avons choisi de conforter nos interventions sur les outils financiers, l’ingénierie de projets plus particulièrement dans le domaine des éco technologies, et enfin les réseaux d’appui aux entreprises. C’est le sens des moyens que nous consacrons au réseau régional d’innovation que nous voulons rendre plus proche des entreprises quelles que soient leurs tailles. C’est le centre d’innovation de l’UTC ouvert à toute la Picardie dont nous assurons la maîtrise d’ouvrage et que nous lancerons en 2011.
C’est le sens aussi du contrat d’appui et de développement mis en œuvre à partir de 2011 et qui a pour ambition de créer les conditions d’un dialogue constructif avec les entreprises, prenant en compte la responsabilité environnementale et sociale.
La SEM énergie mise en place en 2011 nous permettra d’être encore plus à l’initiative économique dans ce domaine porteur à la fois d’emplois et d’un nouveau modèle de développement.
Mais tous nos collègues le savent, le développement est aussi lié à la qualité de vie, au logement, à l’accessibilité de nos territoires.
De ce point de vue, le projet Picardie Roissy que notre Schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire décline par une mobilisation autour des gares, constitue un atout majeur pour le développement d’une bonne partie de la Picardie. Le canal Seine Nord Europe en constitue un autre. Je veux par ailleurs me réjouir de la dynamique engagée autour des vallées, qui permettra de mettre en synergie loisirs, tourisme, développement économique, tout comme protection et valorisation de l’environnement.
Dans les exemples que j’ai cités mais aussi dans beaucoup d’autres, la recette est la même, il s’agit de rassembler, de mobiliser les acteurs, pour que les atouts des uns viennent conforter ceux des autres, pour que l’objectif de solidarité et de développement s’inscrive dans toutes nos interventions.
C’est tout simplement la transversalité que nous mettons en œuvre. Au niveau des territoires, c’est la logique de développement intégré que nous voulons promouvoir, comme le préfigure le schéma régional de développement du tourisme et des loisirs. Mais cela concerne aussi le commerce, l’artisanat, la lutte contre la précarité énergétique, les circuits courts.
Après 6 années d’un indispensable rattrapage, nous pouvons aujourd’hui récolter ce qui a été semé et engager des dynamiques fortes et ouvertes, attirer de nouveaux partenaires, concrétiser nos paris d’avenir.
Qu’une région comme la Picardie, qui se situe dans la moyenne des régions Françaises, se sente en situation de présenter au grand emprunt de beaux dossiers comme PIVERT sur la bio raffinerie, l’institut des énergies décarbonées sur les piles, l’institut de la face, est le résultat des efforts consentis de longue date en finançant des équipements, des laboratoires, des thèses, des centres de transferts technologiques.
Aujourd’hui les plus grands noms de l’industrie mondiale nous rejoignent dans ces projets.
Je ne veux pas ici faire de l’autosatisfaction, je veux juste montrer qu’il y a dans notre région l’énergie d’un autre avenir, que ce que nous avons fait dans ce domaine nous pouvons le faire dans d’autres.
Cela passe avant tout par l’éducation, la mobilisation de toutes nos interventions, de tous nos partenariats au service de la réussite éducative.
C’est un grand chantier que nous avons engagé dans un dialogue constructif avec les autres collectivités. C’est d’ailleurs un des points forts du Contrat d’initiative régionale avec la Somme par exemple, qui se concrétise par un effort particulier en faveur des environnements numériques de travail. C’est pour ce qui nous concerne la volonté de placer la réussite éducative au cœur de nos interventions.
Je viens de nommer un chef de projet pour coordonner ce travail qui concerne aussi bien l’éducation, la formation que le sport, la culture, la vie associative ou l’aménagement du territoire.
C’est bien volontiers Monsieur le Président du CESER que nous associerons votre Assemblée à ce grand chantier, qui j’espère pourra tous nous rassembler au service de la Picardie.
Sur la formation proprement dite, 2011 sera marquée par l’élaboration du Contrat régional de développement de la formation professionnelle avec l’État et les branches professionnelles.
Je veux profiter de cet exercice nouveau pour mieux faire converger les moyens et les objectifs des différents partenaires et contribuer plus efficacement à l’insertion professionnelle des Picards.
Je veux globalement convier tous les financeurs et impliquer plus fortement les secteurs économiques les plus concernés qui ne sont pas forcément les plus contributeurs.
S’agissant des formations par apprentissage, la non reconduction du Contrat d’objectifs et de moyens par l’État appelle une remise à plat complète du système de financement de ce secteur. Ce sont deux chantiers prioritaires pour l’année prochaine.
Mes chers collègues, la crise qui est loin d’être finie touche durement nos concitoyens. Elle est porteuse d’inquiétudes et de fractures sociales et territoriales. Elle est aggravée en France par des choix gouvernementaux qui contraignent les collectivités alors même qu’il faudrait leur donner plus de liberté et d’initiatives.
Je ne m’étendrai pas ici sur la réforme territoriale dont nous aurons l’occasion de débattre à un autre moment de cette session.
Les équations financières qui servent de cadre à notre préparation budgétaire illustrent l’asphyxie dont sont victimes les Régions. Nos ressources sont plafonnées alors même que nos dépenses liées aux compétences qui nous ont été transférées par l’État augmentent naturellement.
Cela nous amène à être forcément plus sélectifs dans nos interventions et à nouer des partenariats aussi bien avec les autres collectivités qu’avec les autres acteurs publics et privés pour tenir sur l’essentiel. Cela doit aussi nous amener à privilégier les acteurs régionaux.
Je pense en particulier au domaine culturel où nos choix vont clairement dans ce sens, et plus généralement à toutes celles et ceux qui concrètement sur nos territoires se mobilisent pour rendre un service à nos concitoyens.
Mettre encore plus de solidarité dans nos politiques publiques, garder intacte notre volonté d’impulser un nouveau modèle de développement pour la Picardie, être encore plus exigeant vis-à-vis de nous même et de nos partenaires, tel est l’esprit du cadrage budgétaire dont je vous propose de débattre.
Je vous remercie par avance de l’enrichir de vos contributions et réflexions.
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