Audrey Pulvar est soutenue par une immense majorité de Français. La journaliste d'i-télé et de France Inter, « virée » du jour au lendemain parce que compagne d'Arnaud Montebourg, candidat à la candidature socialiste pour l'élection présidentielle, paie un délit préventif, une sorte de principe de précaution édité par un actionnaire frileux.
Les dirigeants de Canal Plus puisqu'i-télé dépend de la chaîne cryptée veulent, parait-il, éviter un conflit d'intérêts entre un homme politique, membre du PS, et une journaliste politique n'ayant qu'un malheur, celui d'appartenir à une chaîne de télévision. Ses qualités professionnelles ? Irréprochables. Ses interviews ? Toujours assurées avec distance. On peut dire d'Audrey Pulvar : « elle est un exemple pour ceux et celles — et ils sont nombreux — qui aspirent à faire ce métier passionnant qu'est le journalisme. »
Alors, pourquoi maintenant ? La candidature d'Arnaud Montebourg à la candidature est un acte mineur dans le grand concert des futures présidentielles. L'organisateur théorique des primaires à gauche souhaite mettre la pression sur les « grands » candidats du PS et veut se rappeler àleur bon souvenir dès maintenant. Il s'agit d'une stratégie habile mais non déterminante sur l'issue définitive des primaires. Avec Manuel Valls, Arnaud Montebourg veut peser sur l'organisation gouvernementale qui succéderait à une victoire de la gauche en 2012. Pourquoi pas. Il a les qualités et les mérites d'un futur ministre.
Audrey Pulvar n'a pas à payer le prix exorbitant d'une mise à l'écart absolument injustifiée par le timing des événements. Si elle devait quitter l'antenne un jour, c'eût été parce qu'Arnaud Montebourg aurait été choisi comme candidat du PS ou élu comme président de la République. On n'en est pas encore là.
J'ai bien peur que l'éviction-surprise (et prématurée) d'une journaliste qu'on aime et apprécie soit due à des préjugés n'ayant que peu à voir avec la rigueur journalistique et la neutralité dont Audrey Pulvar est coutumière. Au fond, c'est lui faire bien peu confiance. Et c'est cela qui est dramatique.