Journal d'une âme : Premiers flocons (27-10-2010) 12h37

Par Manus

Journal d'une גme : Premiers flocons (27-10-2010) 12h37

photo.linternaute.com

Je suis un peu perdue ; je ne sais absolument pas par où commencer. 

Hier soir, quatre pages de rédaction, style « Il était une fois… » et ma vie spirituelle commentée point par point selon les événements marquants.  Mais le cœur n’y était pas.  C’était une écriture intellectuelle, une histoire relatée ; ce n’est pas ça que je veux.

Ce que je souhaite, c’est transmettre ce que je vis dans la prière et dans mes expériences spirituelles quotidiennes.

Il faut donc que je réussisse à faire descendre mon cœur jusque dans le bout des doigts, pour que seul celui-ci ait voix au chapitre ; ma raison, mue par le souci de bien penser, de bien écrire, d’être attentive au style, doit elle aussi, dégringoler les marches jusqu’au cœur.  Raison imbibée par l’amour, et amour se laissant conduire par la raison.  Inutile de séparer les deux comme je l’ai fait toute ma vie durant.

Ce n’est pas ici que je vais reprendre mes mauvaises habitudes, celles de créer des étages en moi : les émotions dans la cave, la raison sur le toit, les sentiments au premier étage,  parcourant toute la maison à la recherche de l’âme sœur, déboussolés de n’avoir ni raison ni émotions pour asseoir leurs bases.

Ce matin, à l’heure de descendre pour prendre le petit déjeuner, je m’arrêtai devant la fenêtre attenant au jardin.  Seuls quelques nuages parsemaient un ciel azur d’automne ; le soleil étendait ses rayons dans les branches des sapins alors que le jardin était recouvert de neige scintillante. En mon fort intérieur, je souriais, doucement, par tant de beauté.

Je me disais à cet instant, en me mettant en présence de Dieu, que c’est cela que je souhaite exprimer ici : un amour qui me brûle les doigts depuis plusieurs mois maintenant, que je ne sais encore comment en parler, et qu’en tout état de cause, j’ai décidé de faire confiance, de m’abandonner dans le cœur du Christ, et de le laisser faire.  Les choses se diront bien d’elles-mêmes comme elles devront être dites.  Je n’ai plus peur maintenant : ni pour ma réputation, ni d’une possibilité de publication que jadis j’espérais tout de même secrètement (c’est foutu maintenant, mais cela n’a plus d’importance), ni des sarcasmes qui pourraient advenir.  J’ai confiance.  Seul cela compte.

Il y a tellement de choses à raconter …

Car si aujourd’hui je peux affirmer que le hasard n’existe pas, et que tout est Providence, je sais aussi que ce qui m’est arrivé il y a quelques mois, n’aurait sans doute pu être si je n’étais pas passée par là où je suis passée depuis le commencement.  C’est clairement exprimé, non ?

J’essaye de dire que la foi, la raison, les émotions, les sentiments, le psychique, le physique, la physiologie, tout ce que fait que l’homme est, est intimement lié.  On ne peut évoquer la foi, sans en même temps tenir compte de toutes les autres composantes de l’être.  C’est comme si un médecin ne s’arrêtait que sur la jambe cassée du patient, sans s’ouvrir aux dégâts collatéraux : la peur de l’opération, le psychique éprouvé, la peur de l’accident, le pourquoi aussi, de cette jambe cassée etc.  Tout forme un tout.  Et l’homme, avec son passé, son présent et son avenir, ne forme qu’un grand tout où tout est nécessité.

En quelque sorte, on pourrait dire que le présent se renouvelle chaque jour dans l’amour, encore et toujours, car ce dernier est éternellement la résultante du passé  tendant vers un futur qui n’existera jamais ; cet amour là est donc « présent », qui est, en voie de devenir, tout en étant marqué par le passé fondu dans ce présent en mouvement perpétuel.

Il est temps pour moi de quitter ce journal.  Les enfants crient famine, le teint de mon mari blanchi car la faim le démange ; occupons-nous de nos ventres …

A ce soir, peut-être, probablement, je ne sais pas.

Savina.