Je vous engage à faire la même vérification et vous en tomberez de la chaise. La dénaturation est complète et la désinformation stupéfiante. Pendant près d’une semaine des titres volontairement aguicheurs tronquaient les faits. Comment peut-on ainsi pitoyablement jouer avec la vérité quand on se targue d’être un journaliste de qualité ? Comment les grandes chaînes de télévision peuvent-elles ainsi reprendre sans y voir plus clair de telles assertions ? Comment est-ce possible, alors qu’ils avaient la bande son ?
Mais revenons à notre bande son “off” : le ton est plutôt détendu jusqu’au moment ou le journaliste insiste en employant le terme « il semblerait que etc. » C’est alors que Sarkozy explique qu’il ne peut tout de même pas répondre à tous les « il semblerait sans précision” du monde. Il semblerait n’est pas un dossier, ni même un début : il semblerait que vous êtes pédophile, justifiez-vous … plaisante-t-il alors. C’est parti, « il a traité les journalistes de pédophiles » … Offrons-nous quelques exemples parmi une montagne du même goût :
“L’affaire de « journalistes pédophiles » tombe mal pour Nicolas Sarkozy ?” …
“Quand Nicolas Sarkozy traite les journalistes de «pédophiles»” …
“Journalistes “pédophiles”: Quand Sarkozy dérape” …
“Karachi: Nicolas Sarkozy et “les journalistes pédophiles” …
“Sarkozy et les “journalistes pédophiles” …
On arrête : 100 pages sur Google !
Certes le ton est alors assez sévère sur le ‘il semblerait” mais sans « excitation » comme certains l’ont écrit. Certes la diatribe s’effectue au milieu d’un grand silence, comme si les autres confrères du « il semblerait » étaient conscients de son incompétence. Les rires complaisants quand “le maître semble avoir terminé sa leçon et retrouver sa bonne humeur” sont assez pitoyables, évocateurs et peu glorieux. Ce n’est pas de “complaisance” ricanante dont on a besoin, mais de qualité.
L’épisode du chauffeur de Lilianne Bettencourt faisant référence à une gouvernante aujourd’hui décédée qui lui aurait dit etc. est également savoureux. Mais brisons-là pour ne pas tomber dans les mêmes travers.
Au-delà de l’anecdote, il est certain que le caractère même du Président de la République soit en partie responsable de tels dérapages. Accepter de faire du « off » qui ne veut plus rien dire, l’épisode le démontre, est un infantilisme. Le journaliste moderne, si j’ai bien compris, est très pointilleux sur ses sources mais n’a que faire d’une promesse de « off » « Source » l’inquiétude m’habiterait : qui trahit sa parole ici aujourd’hui, trahira demain là … En second lieu Sarkozy fait faute en ne tenant pas assez à distance la presse et quiconque d’ailleurs. Sa familiarité de “rupture” n’a pas fini de lui jouer des tours. Qu’il pense à un Mitterrand, un Chirac ; il n’y avait pas chez eux cette même attirance pour les gazettes ou alors très millimétrée. Il n’a jamais voulu et ne veut pas endosser ces costumes des ancêtres. Il est un enfant de la télé, du show-biz, du « talk » et il le paye. Il n’est donc pas ici question de le plaindre, mais simplement de regretter l’incroyable incurie d’une certaine presse, certaine pour être gentil.
Il y aurait bien une autre explication, mais elle est risquée et j’ose à peine la formuler par crainte d’être une fois de plus ranger dans la détestable catégorie des «conspirationnistes»
Et si le choix de ce faux « off », l’emploi de cette métaphore forte du « pédophile », les fuites sur Libération etc. n’était pas qu’une vaste entreprise organisée (et bien organisée) de discréditation des journalistes à resservir à l’occasion sur des sujets plus graves ? Les pauvres, ils seraient ainsi intoxiqués deux fois et pour Libé , une bonne opération de marketting ne se refuse pas.
Le lecteur : Vous n’y pensez pas vraiment ?
SI ! C’est très mode de cogner sur les journalistes (cf Mélenchon) … Alors quand de surcroît ils s’y prêtent avec autant de facilité …