À l'approche du cinquantenaire de la disparition de Cendrars, Patrice Delbourg rend hommage à cet acrobate de la prose et de la vie. Le reporter, le poète, le romancier (Moravagine, L'Or), le poilu, le « one manchot » (La Main coupée), le cinéaste raté, l'aventurier revivent au gré des chapitres de cetteOdyssée Cendrars, deAcomme Alfa Roméo (celle qu'il a achetée à Braque et qu'il pilote d'une main, au Brésil, en 1924), àZcommeZone, le poème-phare d'Apollinaire, auquelLa Prose du transsibérien(1913) dispute l'invention du vers libre. Sans oublier les autres lettres de l'alphabet : Bourlingue, Fabulateur, Grand reporter, Helvétie, Kodak, Paname, Sauser (son véritable patronyme),Utopie et même Xénophobie, dont les soupçons existent dans son oeuvre… qui figurera par erreur en 1941 dans la « liste Otto » des écrivains juifs à proscrire. (Écriture, site de l'éditeur)
Des livres sur Cendrars, il n’en manque pas. Celui de Patrice Delbourg est un chant. Auteur des Jongleurs de mots, il suit son modèle dans ses secousses, ses inégalités. Les voyages forment la jeunesse, dit-on. Concernant Blaise Cendrars (1887-1961), ses voyages ont formé son langage. Sans diplôme, Blaise chaparde les connaissances, adapte son écriture aux cahots du monde, ne cesse d’ébouriffer, enjambe les obstacles, vagabond, forban à ses heures, boucanier se poussant à travers la foule, prenant des risques, perdant son bras droit à la guerre. Ce baladin occidental explore le vaste monde. Delbourg s’accorde à son rythme, le suit à la trace, partage ses dangers, assiste aux rencontres inimaginables pour le commun des mortels, précisant que Cendrars en rajoute dans l’épique. Delbourg accorde ses violons à ceux de Blaise, met ses pas dans ceux de ce bourlingueur que son sablier personnel poussait à être présent là où ça chahute, regrettant de ne pas avoir le don d’ubiquité. Lorsqu’il disparaît, il laisse ses oeuvres complètes en quinze volumes ICI
L'odyssée Cendrars de Patrice Delbourg
(Écriture, août 2010, 220 p)