Dialogue d'un veuf
Ce matin, je rencontre une femme de rêve
On dirait un soupir qui tombe et se relève
Va doucement, ami
Je te sens endormi
Mais sais-tu que son corps est celui d'une fée
Avec elle, jamais, je ne verrai Morphée
Si tu dois la revoir
Eclaire ton espoir
Je vais la retrouver dès demain, à l'aurore
Et je sais qu'un amour, de nous deux, peut éclore
Tu veux cueillir le fruit
Quand te touche la nuit
Je ne brusquerai pas les regards et les choses
Car je sais qu'au jardin vite fanent les roses
Regarde le miroir
Ne le vois-tu pas noir !
Je sais que je suis vieux et qu'elle est très jolie
Cela m'empêche-t-il de vivre une folie !
Se partage l'émoi
Veut-elle encor de toi ?
Je sais, dans le miroir, quelquefois je bavarde
Car j'aime mon passé, lequel me sauvegarde
Tu vis d'un souvenir
Qui ne pourrait finir
J'aime partir souvent et revoir ma jeunesse
Quand ma femme ignorait son éternelle adresse
Ne pleure pas mon vieux
Elle t'attend aux cieux
Oui mais, demain matin, cherchant dans ma mémoire
Je parlerai d'amour aux reflets de l'armoire
J'éteins, je vais dormir
Sans rêver d'avenir