Entre jeux vidéo, manga et musique rock, Scott Pilgrim délivre sa mise en scène inhabituelle. Ce récit déjanté sur la culture Geek n’a rien de repoussant. Un choc visuel qui ferait presque oublier les faiblesses d’écriture.
Scott Pilgrim, c’est avant tout une bande dessinée canadienne créée par Bryan Lee O’Malley. Edgar Wright l’adapte sur grand écran, et prouve par la même occasion ses talents de cinéaste. Une profonde créativité ressort de ce film destiné aux adeptes de jeux virtuels et de combats sauce manga. Ce n’est pas pour autant un film inaccessible. En effet, les spectateurs les plus ouverts apprécieront sans difficulté la fraîcheur du récit.
Scott Pilgrim, 22 ans, sort avec une asiatique de 17 ans. Ce n’est pas une grande histoire d’amour, mais plutôt une distraction. Ses désirs vont vite basculer vers une autre demoiselle à la chevelure rose fluo, Ramona. Seulement, pour conquérir son prochain amour, il doit faire face à une étrange ligue d’ex prêt à l’éliminer.
Scott Pilgrim fait partit des films qui peinent à commencer mais finissent par imposer leur rythme. Le début est donc un peu lent, sans vraiment de surprises. C’est brouillon et on a pas forcément envie d’y rester. Mais après quelques passages inexpressifs, le film propose ses qualités visuelles. Les combats, un mixte entre mangas et scènes de Fight Club, sont de plus en plus réussis. Le style des premiers est un peu trop poussé, ce qui a tendance à refouler. Le réalisateur progresse dans la mise en scène au fur et à mesure que son film avance. Le sujet principal, c’est l’amour. La romance envahit le récit, et est portée par le sympathique Michael Cera. Connu pour ses rôles d’adolescents puceaux, timides et naïfs, comme dans le récent Be Bad !, il se fait cette fois-ci offrir un personnage plus important, conservant toutefois sa figure puéril. Sa performance , remarquable, lui permets de montrer qu’il est capable de diversifier son jeu. Edgar Wright ne s’écarte pas tellement des clichés sentimentaux. La scène finale est l’exemple idéal. Alors qu’il fait nuit et que la neige se verse paisiblement sur nos personnages, les mains se rejoignent puis se serrent sous un accompagnement musical évident. Et ça marche plutôt bien. Autre élément clé du film, l’électronique des jeux vidéos. Quand le héros triomphe de ses adversaires, les corps explosent en pièces. La mise en scène témoigne de l’omniprésence de cette virtualité, des phrases s’affichent comme si on rejouait à Mario sur sa bonne vieille Nintendo 64. La BO favorise évidemment le style. Si Scott Pilgrim est un spectacle souvent jouissif et décomplexé, c’est en partie grâce ses images inédites. Sur les plans, on voit apparaître en énormes caractères des mots comme « Driiiiiiiing » lorsque le téléphone sonne. On peux être sceptique aux premières vues, mais on finira par s’y habituer. Le film n’est pas très profond, ni très subtil, mais on retrouve quelques analyses sociales intéressantes. C’est le cas avec la sœur de Scott qui, armée de son téléphone portable, passe son temps à faire tourner les rumeurs. On regrettera cependant l’essoufflement de l’intrigue et le fond assez anodin.
Scott Pilgrim est l’exemple parfait du film qui divise. Il sera incompris par les spectateurs opposés au mélange incontrôlé des genres, il en décevra certains pour son manque d’ambition et régalera les partisans du cinéma décomplexé et bordélique.