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Babacar Ndao Ministre des écovillages, des bassins de rétention, des lacs artificiels et de la pisciculture
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Transformer des villages en espaces " écologiques, participatifs, solidaires et responsables ", c'est l'objectif du Sénégal qui souhaite convertir la moitié de ses campagnes en éco-villages pour arriver notamment à une auto-suffisance alimentaire et lutter contre le réchauffement climatique. Un objectif ambitieux qui passe en partie par l'agriculture bio. Interview de Mr Babacar Ndao, Ministre sénégalais des " écovillages, des bassins de rétention, des lacs artificiels et de la pisciculture ".
L'agriculture biologique tend-t-elle à se développer au Sénégal ?
B. N : L'agriculture biologique a commencé à se développer et a été encouragée par des ONG dans certaines " zones " du Sénégal. Aujourd'hui, avec la mise en place de l'" Agence Nationale des Eco-villages ", ainsi que la création du Ministère chargé des Eco-villages, c'est un mode de production qui est en train de se généraliser au niveau du pays entier. Les éco-villages sont des moyens d'expérimentation de l'agriculture biologique et une possibilité donc pour les populations de pouvoir s'auto-suffire en termes d'alimentation propre, mais aussi d'énergies propres, de ressources propres et, en plus de cela, de dégager des plus values pour être au niveau de l'économie de marché.
Le Sénégal compte 28 000 villages. L'objectif que nous visons est que 14 000 d'entre eux soient des Eco-villages, et cela grâce en partie à l'agriculture bio. C'est un grand challenge pour le pays. Nous avons commencé cette année avec 10 villages, qui sont des projets gouvernementaux. Mais des chefs de villages et des communautés rurales ont pris parallèlement leurs propres engagements afin de s'ériger en éco-villages et travaillent dans cette même perspective.
De quelle manière les agriculteurs vont-ils pouvoir améliorer leurs cultures bio, et cela, malgré la sécheresse ?
B.N : Les éco-villages prévoient des bassins de rétention ou de forages pour permettre la disponibilité de l'eau au-delà de la saison des pluies, grâce à des bassins qui seront soit construits, soit à même le sol, et qui tiendront compte de la configuration du paysage. C'est avec ce stock d'eau que les Sénégalais vont pouvoir faire des activités agricoles hors saison, comme les maraichages.
C'est quelque chose d'extrêmement important car ce que nous avions constaté, c'était que les populations avaient 3 mois seulement d'activité, correspondant à la saison des pluies. Après cette période, elles se croisaient les bras. Aujourd'hui avec la possibilité de disposer de l'eau au-delà de ces 3 mois de saison des pluies, ils peuvent faire de l'agriculture biologique à travers la mise en place de ces bassins de rétentions qui leur permettront de mener 9 mois d'autres activités hors saison.
Le concept novateur d'éco-villages, au regard des enjeux qu'il représente pour le développement humain durable des populations rurales, est-il donc un retour aux sources, l'agriculture africaine étant par tradition "bio" car elle n'utilise ni engrais, ni pesticides ?
B.N : L'agriculture bio est au coeur de la philosophie de ces éco-villages et de l'engagement du chef de l'Etat du Sénégal car il ne faut pas l'oublier que c'est lui qui a le volet environnement du nouveau partenariat pour le développement en Afrique qu'on appelle le Nepad (www.nepad.org). C'est la raison pour laquelle il s'est engagé dans cette perspective : donner un signal fort pour la nécessité pour l'Afrique de pouvoir s'engager dans cette voie.
Ce n'est pas une voie qui est un privilège des pays nantis, pour les gens des pays développés, mais c'est une possibilité en Afrique parce que nous avons toujours vécu comme cela, et c'est par l'agro-business qu'on nous a entrainés dans une agriculture de type commerciale effrénée.
Mais aujourd'hui nous pouvons retourner aux habitudes traditionnelles qui préservent l'environnement, qui ne menacent en rien notre santé et qui nous permettent, non seulement de nous auto-suffire en alimentation, mais de dégager des plus-values, nous permettant ainsi de pouvoir disposer de ressources supplémentaires au plan de devises pour gérer d'autres aspects de la vie ".
Le projet éco-villages est financé par le Fonds mondial pour l'environnement (FEM) et le Programme des nations unies pour le développement (PNUD) à hauteur de 765 millions de francs . A l'heure où les initiatives environnementales en tout genre sont en marche, convertir des villages en des espaces écologiques, solidaires et responsables représente une belle motivation à suivre pour un continent qui doit s'adapter d'urgence aux effets négatifs du réchauffement climatique.
Bioaddict a ainsi rencontré Babacar Ndao venu expliquer cette initiative présidentielle lors de la 5ème édition des Ateliers de la Terre, qui se sont tenus à Evian du 17 au 19 novembre dernier.
Plus d'informations sur les éco-villages sénégalais sur le site www.ecovillages-sn.org
Emilie Villeneuve