C'est la première grande exposition personnelle de Philippe Parreno à la prestigieuse Serpentine Gallery de Londres. Jusqu'au 13 février, l'artiste français de 46 ans, connu pour ses réalisations protéiformes, mêlant cinéma, sculpture, dessin et texte, propose un parcours sensoriel inédit dans lequel le visiteur est happé par le son et par l'image. On y entend notamment les bruits des rues environnantes ou ceux de Kensington Gardens. On peut aussi, et surtout, découvrir de larges extraits de Invisibleboy, son 3e film, entre cinéma et oeuvre de plasticien.
En cours de réalisation, Invisibleboy raconte l’histoire d’un jeune immigré chinois sans papiers, qui vit dans le quartier de China Town à New York. Dans cette oeuvre mêlant critique sociale et féérie, le garçon est en proie à des fantasmes peuplés de créatures surnaturelles (photo).
Philippe Parreno avait beaucoup fait parler de lui en 2006 grâce à son long-métrage, Zidane, un portrait du XXIème siècle. En duo avec l'artiste écossais Douglas Gordon, il avait utilisé simultanément 17 caméras pour filmer l'icône du football en pleine action, lors d’un match du Real Madrid. Il n'est pas certain que le film ait eu le succès escompté, mais Parreno ne s'est pas arrêté à cette première expérience cinématographique.
En 2009, j'avais eu la chance d'assister à la présentation de June, 8, 1968 au Centre Pompidou, un film tourné en 8 mn et projeté en 70 mm : le voyage en train entre New York et Washington D.C du cercueil du sénateur Robert Kennedy deux jours après l'assassinat de ce dernier. Tous les personnages filmés, parfaitement immobiles, silencieux, le plus souvent inscrits dans un paysages, étaient comme absents. J'avais été marquée par le bruit régulier des roues du train sur la voie, évoquant, bien sûr, d'autres trajets sans retour bien plus terribles... Une oeuvre à la fois glaciale et solennelle.
Il n'y a plus qu'à guetter la projection, en 2011, d'Invisibleboy, en France. A suivre.