Son idéal féminin est à égalité avec son homologue masculin. Militante depuis sept ans au sein de l'association Mix-Cité, Laure Sanchez se bat avec conviction contre les stéréotypes sexistes qui perdurent sans relâche dans toutes les sphères de la société.
Si elle a accepté de se prêter au jeu du portrait c'est en qualité de militante. Parler d'elle l'intéresse peu. Laure Sanchez est l'une des porte-parole de l'association féministe Mix-Cité 31, mixte par définition, comme le mouvement national qui a vu le jour en 1997.
Installée à Toulouse depuis douze ans, cette trentenaire originaire de Perpignan, a découvert la Ville rose dans le cadre de ses études d'assistante sociale. Un métier qu'elle exerce aujourd'hui au sein du Cric, une association d'aide à l'insertion professionnelle des travailleurs handicapés.
Mais c'est dans le cadre de son précédent poste dans le foyer d'hébergement Olympe de Gouges pour les femmes victimes de violences, que sa fibre militante s'est développée. « Voir à quel point la domination masculine peut abîmer les femmes m'a considérablement touchée. Dans ce foyer, il y avait des femmes de tous âges et de tous milieux qui s'étaient retrouvées à la rue, mortes de peur à cause de la personne qui vivait avec elles. J'ai le souvenir de l'une d'entre elles qui n'osait plus ouvrir les volets ni sortir de chez elle de crainte de voir son compagnon. Elle avait réussi à le quitter mais restait habitée par une peur irraisonnée ».
Un témoignage parmi tant d'autres qu'illustre ce chiffre, assené chaque année comme un refrain et qui était malheureusement toujours d'actualité hier lors de la 25e journée mondiale contre les violences faites aux femmes : une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon. Plus de sept sont battues chaque jour dans le département.
En finir avec les stéréotypes
Pour Laure Sanchez, les violences subies par ces femmes victimes ont trouvé un écho dans sa vie de tous les jours. « Et dans toutes ces petites choses que l'on vit au quotidien parce que l'on est une femme. Se faire siffler dans la rue, se sentir vulnérable lorsqu'on rentre seule le soir. Ces situations sont évidemment moins graves que les violences conjugales mais elles relèvent aussi du sexisme ordinaire qu'il faut montrer pour que la société évolue et que cessent les stéréotypes ».
Pour la militante, il en va de même avec le viol qui est depuis hier au cœur d'une campagne nationale portée par Mix-Cité, le Collectif féministe contre le viol et Osez le féministe ! Derrière le slogan : « Viol, la honte doit changer de camp », les trois associations rappellent qu'avec 75 000 femmes violées par an, on est loin des « cas isolés ».
« Dans 8 cas sur 10, les femmes connaissent leur agresseur. On est loin du stéréotype du psychopathe que l'on n'a jamais vu et qui nous attend dans une rue sombre la nuit. La question est : pourquoi cet homme s'est permis d'imposer un rapport de ce type ? » s'interroge Laure Sanchez.
Comme la dizaine de membres actifs de Mix-Cité 31, elle a fait des codes et des normes sexistes les premières cibles de son combat. Parce qu'elle n'est pas issue d'un milieu militant mais au contraire d'une famille « traditionnelle » où la mère est prégnante dans la sphère domestique et éducative, Laure Sanchez a son idée sur la question.
À l'occasion des rencontres publiques ou des actions de sensibilisation de l'association, elle pointe du doigt tous les schémas et tous les comportements que l'éducation et la société nous poussent à reproduire. « Il existe encore des manuels scolaires qui montrent la mère aux fourneaux et le père en train de lire le journal. De la même façon, les cadeaux que l'on fait aux enfants, le fer à repasser pour les filles, les voitures et les robots pour les garçons, vont influencer leur comportement adulte.
Le but de Mix-Cité est de rendre visibles des comportements culturels et de montrer que rien n'est joué d'avance. Mais tant que l'éducation entre homme et femme restera différenciée, il y aura inégalité à l'âge adulte ».