La récente libération de deux otages des FARC en Colombie a bien entendu réjouit l’opinion publique et redonné espoir aux familles des 1600 otages toujours détenus par la guerila colombienne. Elle est également le fruit d’un travail de médiation mené par le président Vénézuélien Hugo Chavez. Et elle nous apprend que même dans les pires conditions, une médiation est possible.
1600 otages détenus dans des conditions que l’on sait aujourd’hui abominables. Un président colombien qui semble décidé à ne faire aucune concession à ceux qu’il considère comme des terroristes. Je ne suis pas expert en géopolitique, je n’ai pas assez étudié l’histoire dramatique de la Colombie pour pouvoir même me faire une opinion sur la légitimité de telle ou telle position. Je suis cependant persuadé que le premier dénouement de cette histoire (au moins pour deux des otages) nous donne une indication sur les conditions de la naissance d’un accord en médiation.
Lorsque depuis des semaines, des mois, des années on se fait la guerre, la route finit par être jalonnée des corps des victimes, les bourses se vident à force de payer des soldats (ou des avocats), l’énergie disparait, et l’absolue nécessité de trouver une autre approche pour mettre fin au conflit se fait jour.
Pour se mettre en parallèle avec une situation de divorce ou de séparation par exemple, on ne peut pas dire que les FARC et le gourvernement colombien étaient dans une situation de “pré-accord”, et un couple qui se dispute autant que ne le font FARC et armée colombienne se dira sans doute que la médiation n’est pas une solution à leur problème. Et pourtant…
Nul ne connaît aujourd’hui les concessions que le gouvernement colombien à fait aux FARC. C’est une caractéristique fondamentale d’une médiation: la confidentialité totale des négociations. Il était matériellement impossible de rendre la liberté aux otages sans que cela se sache, mais la contrepartie, elle, peut être absolument discrète. Je serais fort étonnée qu’elle n’existe pas. Mais seul ceux qui ont participé aux négociations pourront en parler.
Ce point illustre pour moi un des arguments fondamentaux de l’utilisation de la médiation en situation de conflit aigu: personne ne perd la face, car la seule chose que le monde extérieur saura de votre négociation, c’est qu’elle a abouti. Nul ne doit en connaître les termes, les causes, les moyens. Les voisins, les amis, la famille savent que la guerre est finie. Ils savent aussi qu’il n’y a pas de perdant. Que vous avez tous deux gagné la paix. Et cette gloire là, personne ne pourra vous l’enlever.