Détention Secrète

Le réalisateur de Mon nom est Tsotsie s'attaque au système de détentions secrètes employées par la CIA de façon abusive depuis le 11 septembre. Avec un alléchant casting (Jake Gyllenhaal, Meryl Streep et Reese Witherspoon), on est en droit de s'attendre à du lourd...

La critique  

Propos intéressant mais manque de rythme

Trois portraits , trois destins. Il y a Anwar El-Ibraim (Omar Metwally) un scientifique d'origine egyptienne prêt à rentrer d'un voyage d'affaires au Caire. Sa femme (Reese Witherspoon), prête à accoucher pour la deuxième fois et son fils l'attendent à l'aéroport. Mais il ne vient pas. Il y a ensuite l'agent Douglas Freeman (Jake Gyllenhaal) qui vit au Caire et qui va être témoin d'un violent attentat terroriste qui coutera la vie à un de ses proches collègues. Douglas va ainsi hériter de ses fonctions et être chargé de mettre la main sur le réseau terroriste à l'origine de l'incident. Il y a enfin l'histoire de deux étudiants qui vivent eux aussi au Caire. La fille a un père haut placé au pouvoir, le garçon (dont le frère est décédé) est peu à peu tenté par des idées fanatiques.

L'attentat est le trait d'union entre ces différents récits. Anwar va être enlevé et placé en détention secrète, c'est pourquoi il n'est pas à l'aéroport. Il est soupçonné d'être en relation avec les terroristes car il a reçu un appel sur son portable d'un certain Rashid. Anwar ne comprend rien à ce qui lui arrive et ne peut confesser quoi que ce soit. De son côté, sa femme enceinte va lutter pour comprendre ce qui lui arrive et essayer de le sortir de cette galère. L'agent Douglas va pour sa part être chargé de faire parler Anwar mais va vite être dégouté des pratiques employées pour accomplir cette mission. Le pauvre Anwar va être en effet torturé et humilié. Aux Etats-Unis, Corrinne Witman (Meryl Streep) supervise le système de détention secrète et est prête à tous les moyens possibles pour faire parler Anwar si cela peut éviter de tuer des américains dans un attentat. Enfin, les deux étudiants du Caire pourraient bien être au coeur de l'attentat si problématique de l'histoire...

Pour elle, le quotidien c'est de la bombe

Le scénario de Détention Secrète est particulièrement alambiqué et le réalisateur Gavin Hood ne facilite pas la tâche au spectateur. On passe d'une histoire à l'autre, sans toujours avoir le temps de s'attacher et cerner tous les personnages. La construction est complexe, élaborée sur plusieurs temps (nous découvrons à la fin du film que toute une partie était en fait un flashback). C'est ambitieux, ça peut paraitre dense. Et le propos est intéressant : dénoncer le système de détention secrète qui n'a plus de limites. Les autorités américaines craignent tellement un nouveau 11 septembre qu'ils sont prêts à employer la plus grande barbarie pour faire tomber de présumés terroristes. Le problème est que le système de torture employé n'a pas d'efficacité prouvée et de résultats concrets. Le film montre ainsi que n'importe qui ,par malchance, peut se retrouver à être soupçonné et à devoir avouer un crime qu'il n'a pas commis. Et on s'en doute bien : en étant torturé et humilié on peut très bien en arriver à avouer des choses que l'on n'a même pas faites.

C'est donc cinglant et bien amené avec les personnages interprétés par Jake Gyllenhaal et Meryl Streep. Gyllenhaal nous montre un côté sombre qu'on ne lui connaissait pas. C'est l'occasion pour l'acteur de se sortir de ses rôles de benêt. Streep est magistrale : elle parvient à vous glacer le sang avec un regard. Le reste du casting et des personnages est malheureusement nettement moins convaincant. L'intrigue sur les étudiants du Caire à sa place mais sent le réchauffé et est interprétée sans grande conviction, les passages avec Resse Withespoon deviennent lourdingues. Il suffit de la voir arriver avec son ventre énorme pour flairer le pathos à des kilomètres. Bien réalisé, ce long métrage se révèle finalement assez inégal. Il y a des problèmes de rythme, des moments où l'on décroche un peu. Si le propos est comme dit précédemment intéressant (les détentions secrètes, l'attitude des américains scandalisés car un de leurs hommes a été abattu mais qui s'en fichent des 30 autres décédés d'origine étrangère), le problème est qu'il est trop tiré en longueur. Il aurait bien fallu enlever 30 minutes.

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