Effacée pour ne pas dire quasi-inexistante dans le débat public sur la situation économique et sociale du pays, Martine Aubry semble essentiellement préoccupée par son job de DRH du PS. A la cantine de Solferino, “la mère Aubry” au sens du bistrot Lyonnais entend bien garder la mainmise sur la soupe qui sera servie en 2012.
“Nous proposerons une candidature véritablement ensemble, c’est-à-dire pas l’un contre l’autre ou l’une contre l’autre” a indiqué mercredi sur les ondes de France Info la Première secrétaire, confirmant ainsi les propos tenus en juin par son lieutenant Jean-Christophe Cambadèlis, un proche de DSK.
Un tel verrouillage du dispositif qui vient s’ajouter à un calendrier cousu main pour DSK et Martine Aubry dénature totalement le modèle de primaires ramené des Etats-Unis par Arnaud Montebourg et Olivier Ferrand. Le vent porteur d’enthousiasme qu’elles étaient censées susciter a tourné en bise glaçante avec un deuxième effet Kiss cool totalement inattendu.
Alors que Martine Aubry avait semblé donner le coup d’envoi à une lente rénovation de la machine socialiste, particulièrement sclérosée, voilà que pour des raisons d’intérêts personnels entretenus par sa garde rapprochée, elle se livre aujourd’hui à une caricature de manœuvre d’appareil à l’ancienne.
Une mauvaise image au mauvais moment entretenue paradoxalement par le souci de transparence dans la désignation du candidat des socialistes. Une contradiction relevée par Pierre Moscovici :” On ne peut pas à la fois les ouvrir et les fermer”, a expliqué le député du Doubs à propos des primaires.
Intuitive, ou incontrôlable, Ségolène Royal a assuré que la patronne du PS ne l’avait pas avertie de son annonce et se démarque ouvertement de ce qui est ressenti comme un petit arrangement entre amis.
Les militants justement, parlons-en. Après leur avoir fait miroiter une possibilité inédite de choix, voilà que celui-ci se réduit comme une peau de chagrin au fur et à mesure que se rapproche de l’échéance faytale.
François Hollande fustige les arrangements et s’affiche comme un candidat libre contre un système dont il fût le patron. Déterminé à jouer sa carte, le président du conseil général de Corrèze estime que “les pactes, les arrangements, ça vaut pour ceux qui les signent et éventuellement les respectent, ça ne vaut pas pour ceux qui n’en sont pas“.
Appelé en renfort, Laurent Fabius est sorti de sa fausse retraite pour jouer après la sortie de Martine Aubry la deuxième lame qui élimine le poil résistant. L’ancien Premier ministre estime que “le PS ne peut pas avoir quinze candidats aux primaires”. “Si on veut gagner, il faut une unité, et si on veut une unité des socialistes, les principaux leaders ne vont pas tous se présenter les uns contre les autres“.
L’argument, contraire à ceux de Michel Sapin, n’a pas convaincu Manuel Valls qui partage les critiques émises par François Hollande. “Chacun sait que Dominique Strauss-Kahn, Ségolène Royal et Martine Aubry représentent une vision de la gauche qui n’est pas identique. La formule utilisée par la première secrétaire apparaît trop comme un arrangement interne“. “Le candidat de la gauche en 2012 ne peut pas être issu d’une entente. Il doit tisser un lien direct avec les Français qui n’en peuvent plus de Nicolas Sarkozy. Un amalgame de trois personnes qui ont des différences de fond se ferait au mépris d’un projet clair” a déclaré au Parisien le député-Maire d’Evry
Une analyse qui confirme l’incongruité du calendrier socialiste qui vise à arrêter un projet puis à choisir un candidat.
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