Voilà, c’est fait. Hier soir, CB News tenait sa der des der au VIP Room. Une page s’est tournée. CB News crée par Christian Blachas en 1986 a disparu. Triste et étonnant d’assister de l’intérieur à la mort d’un journal.
Durant les trois ans et demi que j’ai passé dans ce journal, j’ai toujours eu l’impression que l’on tentait de défendre quelquechose. À savoir : une certaine idée de l’indépendance, de la réflexion distanciée sur notre secteur (les médias et la communication) où tout est parfois paillettes, plus largement une certaine idée de ce que pouvait être un journal « pro » dont l’audience et la notoriété dépassait ce simple cadre.
CB News c’était ma première longue expérience professionnelle et contrairement à ce que l’on peut dire parfois aux étudiants en journalisme, elle ne m’a pas fait perdre mes rêves ou ma vocation pour ce métier.
A CB News, malgré ce que quelques uns aiment à raconter, on faisait un boulot de journaliste, Blachas et les rédacteurs en chef incitaient et poussaient même l’ensemble de la rédaction à aller voir derrière une stratégie de com’ ou que sais-je encore. Bref, à CB News, on aimait « gratter » comme on dit dans la profession, aller voir derrière. Quitte à déplaire parfois et à se fâcher aussi avec des annonceurs potentiels. C’est aussi ce qui a fait que nous avons eu plus de mal que d’autres à survivre. La profession dans son ensemble nous aimait (il suffit de voir le courant de sympathie qui s’est fait jour depuis la mise en redressement judiciaire le 30 septembre dernier), mais n’hésitait pas à couper certains budgets lorsque les papiers déplaisaient.
Comme l’a écrit mon collègue Benoît Daragon, il serait facile de pointer les erreurs et les errements dont nous sommes tous en partie responsables. Fallait-il sortir de l’OJD et abandonner le chantier de la diffusion ? Non, mais des contingences réelles nous ont poussé à cela. Doit-on se demander pourquoi nous n’avons pas su mieux faire connaître notre travail ? Certainement.
Quoiqu’il en soit, si nous avions eu derrière nous un groupe ou un gentil mécène (comme de nombreux sites donneurs de leçons) nous aurions eu le temps de prendre totalement le virage numérique ou du moins de le penser dans la globalité d’une offre éditoriale renouvelée.
CB, c’était bien et c’est fini. Je garderai en mémoire cet « esprit » CB fait de dérision, d’auto-dérision, de non-conformisme, de rigolade, et d’une équipe soudée et épatante.
Ciao & Bisous !