Un accouchement en live sur twitter et le vôtre?

Le 1er accouchement live de @Merebordel sur Twitter est prenant, saisissant, émouvant, tout twittland se manisfeste d’encouragements et de blagues en tout genre à la hauteur de son humour décalé, qu’elle excerce dans son excellentissime blog www.maispourquoijedeviensmerebordel.fr

Pleins de souvenirs remontent à la surface. Des bons et des moins bons car il ne faut pas croire…. Quand on vous dit « on oublie vite » c’est juste pour rassurer la future maman! Qui aurait envie d’entendre parler des détails, du genre, le nombre de points intérieurs et extérieurs suite à une épisiotomie, les péridurales ratées et les « astuces manuelles » de l’aide soignante pour faire sortir le bébé plus vite…

Heureusement les bons souvenirs sont là pour faire rêver et déstresser nos amies futures mamans, comme, le premier regard, la découverte de la surprise (fille ou garçon?), la première tétée, le peau à peau….

Voici mon récit  (âmes sensibles s’abstenir) :

Nous sommes un samedi pluvieux du printemps, le 28 mars 2009. Jusque là, j’avais réussi à convaincre le Padré à répondre de façon claire et distincte « NOOOOON! » à la question fatidique du gynéco « vous voulez savoir le sexe? ». Mais le Pétoule (sous-entendu le bébé sans sexe), avec qui on avait pris RDV le 15 avril, en a décidé autrement. Histoire de se faire remarquer, il a tapé à la porte 3 semaines avant.

Couchés vers minuit, seulement 2h30 de sommeil après un liquide chaud dans la lit… ça faisait bien 25ans que je n’avais pas ressenti cette sensation en pleine nuit! Prise d’une joie immense, je secoue le Padré (qui ronflait « à poings fermés ») « Oh putain,  je perds les eaux! ».

H-14

Pas de panique! Pas la moindre envie de me faire examinée par 10 sage-femmes, je décide donc de poireauter chez nous jusqu’au changement de service de 8h du mat.

30mn après début des contractions… trop facile je gère !

Excités comme des puces, impossible de se rendormir.

1ère occupation : checker et boucler la valise… ça s’est fait!

2ème occupation : valider les prénoms! Si c’est une fille ce sera E. et si c’est un garçon? Gros débat! Ce serait-ce un signe? Impossible de trancher, chacun campe sur ses positions. Alors à 3h du mat on a essayé de trouver un terrain d’entente… Et c’est reparti, nous revoilà plongés dans le livre des 12000 prénoms. Au bout de 30mn ça y est on a trouvé mais on garde le secret au cas où un petit frère pointe le bout de son nez dans les prochaines années!

Une fois les prénoms validés, la valise bouclée… 3ème occupation :  on passe le temps en se rematant des « desperate housewife ». Les contractions commencent à se rapprocher mais toujours trop facile, je gère!

Quand à 5h30, je commence à me lever toutes les 5mn pour « gérer » chaque contraction, je décide de prendre un petit bain…. le bonheur, le pied, l’extase suprême! J’y reste bien 45mn, petit moment de détente avant la tempête.

Penser à avoir le Padré sous la main pour sortir du bain…. Comment dire c’est comme devoir sortir un cachalot d’une boîte à sardines!

Contractions toutes les 4mn, c’est bon j’ai bien géré (je m’auto-félicite). Bon maintenant faudrait pas traîner, 20mn pour m’habiller, impossible de mettre des chaussures… tant pis je mets mes tongs! Un 28 mars en tong, température extérieure 7°! C’est parti, il est 7h, en route vers l’hôpital. En 5mn nous voilà rendu, à savoir on aurait pu rester dans le 1er hôpital dans le 12ème arrondissement car à 7h du mat pas de bouchon sur le périph!

H-9

Je me traîne jusqu’à la mater (50m à pied) et juste devant la mater, une voiture s’arrête et me demande « vous savez où se trouve la brocante machin truc bidule? » « J’ai une tête à aller à une brocante à 7h du mat? »

Voilà 5h que j’ai des contractions, je me dis c’est bon j’ai au moins fait la moitié du travail. Je suis trop forte, j’ai super bien géré, je suis au top, même pas besoin de péri! A midi c’est fini! Et là désespoir total! La sage femme m’affirme que le travail commence à peine!!

1er bilan à 8h, je suis à peine à 2cm H-8!

Une heure de monitoring plus tard, scotchée au lit, je sors pour me promener dans les couloirs de l’hôpital. Qu’est ce que c’est glauque un hôpital à 8h du mat! Les distributeurs de friandises du hall d’entrée m’appellent… Interdiction de manger! Le retour vers la chambre est beaucoup plus difficile, je me cramponne à toutes les rampes, je m’arrête tous les 10mètres. Je commence à ne plus gérer du tout. Je m’assois, je me lève, je marche, je m’accroupie, je me rassois, je m’allonge… impossible de trouver une  position miracle pour me soulager.

Penser à suivre TOUS les cours d’accouchements et de prendre de quoi s’occuper pour passer le temps (ballon, jeux de cartes, iPhone…).

2ème bilan à 8h45, 5cm H-7!

Découragée, je n’en peux plus de cette douleur… Au moment où je commence à peser le pour et le contre de la péridurale dans ma tête, la sage femme arrive au milieu d’une contraction… en train de me tortiller elle me dit « vous voulez un calmant? » moi sans hésiter « oui c’est pas de refus »! Je m’attendais à un spasfon ou une truc du genre mais en fait elle me répond « OK j’appelle l’anesthésiste pour la péri ». Par facilité ou par douleur je n’ai rien dit, je ne sais pas pourquoi mais au moins je me suis sentie soulagée!

10h, installation dans la salle de naissance, H-5!

2 syndicalistes débarquent… en fait il s’agit de l’anesthésiste et de son assistante qui débatent sur je ne sais quoi mais en même temps on s’en fout!! Je ne sais pas si c’est la peur, le doute, l’émotion, le manque de sommeil…je tremble, mes dents claquent. Je demande une pompe pour pouvoir moi-même doser l’anesthésiant et continuer à sentir les contractions, c’est mon côté maso qui refait surface! « Mais arrêter de bouger… je l’ai râté il faut que je recommence à cause de vous! » « hein, quoi? 2ème piqûre? mais pourquoi est-elle aussi méchante! » « Parce queeeeeee! ». Il a fallu 2 tentatives et laisser passer 4 contractions(dans une position assise recroquevillée très inconfortable) pour que l’anesthésiste arrive enfin à poser cette foutue péridurale.

Enfin je peux m’allonger ! Mais au bout de 10mn, je ne sens plus rien, ni les contractions, ni mes jambes, ni mes fesses, j’ai l’impression de glisser du lit… impossible de bouger et changer de position sans l’aide des sages-femmes. Je me sens comme un gros cachalot (encore une fois!), complètement impuissante et subissant cet état ! La dose d’anesthésiant a été tellement forte que je n’ai même pas pu jouer avec la pompe à mon grand regret !

Penser à ne pas faire de péri pour la prochaine naissance!

Le Padré pour me soulager me masse les pieds et les chevilles complètement bouffis (rétention d’eau dès le 3ème mois de grossesse, je vous laisse imaginer l’état de mes pieds). Ça fait du bien ! Il fait son crâneur auprès des sage-femmes.

13h, dilatation complète H-3, et allez on retourne encore une fois le cachalot!

H-1, ça fait plus de 12heures que j’ai perdu les eaux, allez prends ta dose d’antibio. Et prends aussi ta dose d’hormone pour stimuler à nouveau les contractions. Pour « faciliter » la descente du Pétoule, à chaque contraction, l’assistante m’enfonce son coude dans le diaphragme et pousse vers le bas. Hum j’adore! Alors que je ressens à nouveau les sensations, je me sens complètement bloquée, je ne peux plus bouger. J’ai l’impression que tous ces gens autour de moi m’empêchent de faire « mon travail ».

Penser à choisir une salle nature et intime pour la prochaine naissance!

H-30min, 10 contractions plus tard…

La sage-femme (gentille jusque là) : « bon, là il va falloir vraiment pousser sinon je vais être obligée d’appeler l’obstétricien »

Moi : « Heu, tu crois que je fais quoi là? je joue au scrabble peut être? »

Quelques minutes après… SF : « si vous ne poussez pas plus ça sera les forceps ! »

Moi : « Ah non, tout mais pas ça !! » (j’en avais rêvé la veille, c’était une vraie boucherie)

Alors je prends ma plus grande inspiration et je pousse de toute mes forces, les mains agrippées à mes cuisses, je suis en apnée, les yeux fermés et me répète dans ma tête « c’est la dernière c’est fini, c’est la dernière… allez tu vas y arriver ! » Je ne m’entends pas mais je crois qu’à ce moment là j’ai poussé un cri de soulagement plus fort que ceux d’avant. En gros, j’ai hurlé à faire trembler toutes les futures mères en préparation dans les salles à côté.

Je ne sais plus où je suis, j’ouvre les yeux et me rends compte qu’il y a au moins 6 personnes dans la salle dont l’obstétricien qui est arrivé entre temps. La tête est passée, il faut attendre encore une autre contraction pour passer les épaules. Je regarde vers le bas et j’aperçois encore en moi le sommet de une petite tête plein de cheveux, à moins que ce soit mes poils…

H-1mn la sage-femme me propose d’attraper le Pétoule pour le sortir.

H0 : Il est 16h11. Je le prends sous les aisselles, il tousse, mais ne pleure pas encore. Je le dépose sur ma poitrine, j’aperçois ses petits yeux entrouverts.

Penser à demander à sortir le bébé pour la prochaine naissance. Souvenir inoubliable!

L’assistante le frotte et les premiers cris jaillissent de son tout petit corps.

Quelques minutes, juste à se regarder, à se murmurer des mots doux, juste nous 3. Le temps parait s’arrêter.

SF : « vous ne voulez pas savoir ce que c’est? » Puis je réalise en fait qu’on ne sait toujours pas si c’est une petite fille ou un petit garçon.

SF : c’est une jolie petite fille ! Comment s’appelle-t-elle ?

Sans réfléchir sans même nous regarder avec le Padré, on répond comme une évidence : E. ! ça te va si bien !

H+5mn : coupage du cordon

SF : Monsieur vous voulez couper?

Le Padré (déjà blanc et les jambes vacillantes) : heu non, sans façon!

H+7mn : délivrance manuelle, nettoyage et recousage pour moi et tuyau dans la gorge, essuyage et habillage pour elle.

H+10mn : 1ère tétée au top! t’es la meilleure, t’es bien la fille de ta mère… même épuisée tu ne sautes jamais un repas!

Penser à allaiter le deuxième!

Le temps s’est arrêté c’est sûr !! Vous me croirez ou pas, mais à ce moment-là, un rayon de soleil traverse la pièce. Magique! C’est cette note de bonheur et de plénitude qui gomme instantanément les mauvais souvenirs!

En même temps si les bons souvenirs ne prenaient pas le dessus, pourquoi continuerait-on à faire plusieurs enfants?

Penser à mettre en route le deuxième!