Par Eddie Williamson- Bscnews.fr/
Leur premier album, Weirdo Rippers (2007), était clairement un objet avant-garde noise où le duo étalait sa créativité sans limites, plus mystérieux que jamais, claquant au passage deux ou trois morceaux immenses.
L’album Nouns (2008) était clairement beaucoup plus cohérent. Plus cacophonique que jamais, ne laissant pas beaucoup de place pour respirer, mais moins bordélique et avant-gardiste. Compte tenu de cette évolution, j’avais un peu peur que No Age perde ce que j’avais trouvé excitant à leurs débuts, ce noise imprévisible et mystérieux. La réponse se trouvait dans ce Everything In Between.
Il faut dire qu’avec les nombreuses déceptions de cette année, j’avais des raisons d’avoir peur. Et j’peux pas dire que les deux premiers morceaux de cet album, apparus un peu plus tôt sur le net, m’aient rassurés de prime abord ! Le son No Age est là, mais c’est fadasse, presque banal, les samples (ils ne sont que deux, ils sont donc obligés de créer eux-mêmes leurs samples) font déjà-entendus… Même impression pour « Glitter », et un peu plus tard « Common Heat ». On est à des années-lumières de Weirdo Rippers. Bien sûr, je salue l’envie du groupe de tenter d’autres choses, mais le résultat ne me plaît tout simplement pas.
Heureusement, « Fever Dreaming », « Skinned » et surtout le fantastique « Depletion » (le meilleur morceau du disque) (de l’année ?) viennent contrebalancer très rapidement ces petites déceptions. J’crois avoir soufflé un « ouf » de soulagement avec « Fever Dreaming ». Enfin cet album décolle ! Husker Dü meets Sonic Youth, et je suis comblée. Il faut dire que lorsqu’un groupe m’a éblouie avec un album (en l’occurrence Nouns), j’ai la fâcheuse tendance à vouloir retrouver ce qui m’avait plu, c’est-à-dire ces chevauchées cacophoniques éprouvantes, et pas seulement pour mes tympans. No Age pour moi c’est avant tout une énergie punk démentielle (je vous rappelle qu’ils ne sont que deux à faire autant de bruit) associée à des riffs pop et une avalanche noisy à faire frémir de bonheur tout aficionados de Sonic Youth ou NIN.
« Depletion » m’a coupé le souffle. J’comprends pas qu’il n’est pas été choisi comme single, car ce morceau est l’une des plus grandes réussites noise-pop que j’ai pu entendre jusqu’ici. L’intérêt de vous la décrire m’échappe. Il est important de noter qu’encore une fois, on est loin de Weirdo Rippers, mais cette fois je m’en contrefous, jamais No Age n’avait accompli un tour de force pareil. A ce niveau-là, l’album était déjà réussi pour moi.
Mais c’était pas fini. Malgré une suite de morceaux un peu moins inspirés, l’album redécolle. En douceur (!) d’abord avec les entêtants « Dusted » et « Positive Amputation » (le titre de ce dernier me laisse perplexe), deux instrumentaux splendides, tout en fuzz, avec une petite préférence pour « Dusted ». Quant à « Shred and Transcend », second meilleur morceau du disque, ma foi… tout est dans le titre, je ne vais quand même pas tout vous dévoiler.
No Age continue donc son bonhomme de chemin, et même si Everything In Between contient plus de morceaux « faibles » selon moi que Nouns, il n’en reste pas moins que le groupe a atteint avec « Depletion » et « Shred and Transcend » des sommets noise-pop exceptionnels, tout en continuant à repousser les limites de leur son. Et comme d’habitude à la fin d’une écoute d’un album de No Age à un niveau d’écoute immodéré, j’ai les oreilles qui sifflent. De plaisir, cela va sans dire.
Sorti le 28 septembre 2010 (Sub Pop Records)
http://www.myspace.com/nonoage