Le Journal de Montréal, p. 25, Nathalie Elgrably-Lévy, 25 novembre 2010
Il y a un an déjà, le Climategate éclatait après que des milliers de courriels échangés entre d’éminents climatologues eurent été rendus publics, jetant alors le discrédit sur la science du climat en général et sur le GIEC en particulier. On se souviendra que les messages publiés laissaient entendre que leurs auteurs avaient, entre autres, manipulé et falsifié des données climatiques pour faire avancer la thèse du réchauffement anthropogénique. La validité, la crédibilité et l’objectivité des travaux des scientifiques concernés ont alors été entachées de manière irréversible, et la planète s’interrogeait sur la pertinence des très coûteuses politiques environnementales destinées à combattre un phénomène incertain.
Les climato-alarmistes ont aussitôt entrepris de banaliser l’affaire et continuent de défendre leur point de vue en invoquant les trois enquêtes britanniques qui ont blanchi les chercheurs au coeur du scandale. Évidemment, le fait que ces enquêtes aient été critiquées parce qu’elles ont été menées de manière expéditive par des jurys partiaux ne semble nullement les incommoder. Pas plus que le fait de savoir que les chercheurs concernés n’ont pas eu à témoigner, que les opinions discordantes ont été écartées et que deux des trois enquêtes ont été menées par l’Université East Anglia, la même université qui abrite les chercheurs impliqués. Heureusement, la population n’est pas dupe et le Climategate a si gravement fissuré les fondations du mouvement vert que celui-ci doit maintenant redoubler d’efforts pour retenir ses adeptes. Certains versent même dans le fantasme écoterroriste : c’est le cas du collectif britannique 10:10 qui a produit des publicités sanglantes où enfants et adultes se font littéralement exploser pour avoir contesté le credo environnemental.
Toutefois, même si la thèse du réchauffement anthropogénique a perdu de son élan depuis le Climategate, elle a néanmoins jeté les bases d’une «logique» qui ouvre la porte à des dérives idéologiques aux conséquences potentiellement tragiques. Selon l’évangile écocatastrophiste, nos émissions de CO2 sont responsables du réchauffement climatique, d’où la nécessité de les réduire aussi rapidement que radicalement.
Or, toutes les activités humaines produisent du CO2, même le simple fait de respirer. Entre lutter contre les émissions de CO2, et s’attaquer à l’Homme, le glissement est donc facile. D’ailleurs, un nombre grandissant de voix s’élèvent à présent pour dénoncer la surpopulation terrestre et défendre la nécessité d’un contrôle démographique par de multiples moyens, allant de la limitation des naissances à l’avortement forcé, en passant par la stérilisation. Le plus inquiétant, c’est que le contrôle démographique n’est plus appuyé que par quelques marginaux fanatiques, mais bien par des personnes respectées et influentes, dont Bill Gates et David Rockefeller.
Jusqu’à tout récemment, rien n’était plus sacré que la vie humaine. Partout et par tous, elle était célébrée, défendue et protégée. Aujourd’hui, certains ont réduit l’être humain à un vulgaire parasite dont l’existence menace l’environnement, un cancer à combattre. On disait que la vie n’avait pas de prix. Maintenant, on la mesure à son empreinte carbone.
Assisterons-nous un jour à des génocides au nom de l’environnement ? Qui sait ! L’Histoire nous a montré que l’homme est capable du meilleur comme du pire. Voici néanmoins ce qu’on peut lire dans un rapport du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) : « L’effort à long terme nécessaire pour maintenir un bien-être collectif qui soit en équilibre avec l’atmosphère et le climat exigera en fin de compte des modes viables de consommation et de production, qui ne peuvent être atteints et maintenus que si la population mondiale ne dépasse pas un chiffre écologiquement viable ». Plutôt inquiétant, non ?