En 189 petites pages étroites, propres aux Actes Sud, Laurent Gaudé tente d’imaginer et de restituer la vie des quelques habitants de la Nouvelle-Orléans restés sur place lors d’une terrible tempête qui ne sera d’ailleurs jamais nommée ni vraiment décrite mais dont on suivra la progression à travers la montée des eaux, les changements du paysage, l’écroulement des fragiles maisons et le comportements des hommes. Cet ouragan encadre strictement le récit et nous suivons les destins d’une dizaine de personnes pendant ces journées d’apocalypse. Nous sommes au sein de la tourmente et tremblons ainsi à l’approche de la catastrophe imminente sans rien savoir de plus que ce que peuvent comprendre les humains isolés et abandonnés à leur sort alors que la majorité de la population a fui la ville. Roman polyphonique où l’on passe très vite d’une histoire à une autre jusqu’à ce que toutes finissent par se mêler sans jamais se rejoindre véritablement. La peur, la solitude, la mort accompagnent l’ouragan. Chacun affronte différemment le cataclysme, enfoncé dans la violence de son passé et de ses souvenirs, ses remords, son besoin de vengeance ou sa folie religieuse. Il y a là, Joséphine Linc. Steelson, «négresse depuis presque cent ans», la rebelle, qui vit dans le souvenir de son mari bien aimé, lynché dans sa jeunesse, Rose et son enfant sans père rejointe bientôt par Keanu celui qu’elle aimait et qui l’avait abandonné mais qui lui revient après le traumatisme d’un accident du travail, Il y a le révérend qui cède aux voix divines, prêt à tuer le premier venu pour prouver sa foi. Les prisonniers de la ville, eux, se sont sauvés et croient pouvoir s’imposer avec leurs armes tandis que les alligators envahissent la ville.Ai-je aimé ce roman ? Pas vraiment, pas autant que je l’espérais. J’ai apprécié les premières pages avec l’évocation de la vieille femme noire qui se fait la narratrice de son histoire. J’ai aimé Rose et son amour pour cet enfant mal accepté et celui pour cet homme qui lui revient quand tout va mal mais je n’ai pas réussi à me sentir impliquée dans cette tragédie d’un groupe si disparate. Je suis restée à l’extérieur, en pure observatrice, sans ressentir quoi que ce soit de particulier pour l’un ou l’autre des personnages évoqués. Le style est beau entre incantation, réalisme et lyrisme mais cette lecture ne m’a pas particulièrement impressionnée! Dommage!
Ont aimé: Choco qui en a fait un coup de cœur, Stephie, Cuné,. Clara et Emeraude sont beaucoup plus mitigées, Amanda, comme moi est restée dehors! Ouragan de Laurent Gaudé (Actes Sud, 2010, 189 p)