L'Institut Italien de Technologie, a mis sur pied un projet de création d'un robot dont la capacité d'apprentissage est égale à celle d'un enfant de deux ans. Entretien avec l'un des pères du Robotcub, Giorgio Metta, chercheur à l'Université de Gênes.
En quoi consiste votre projet dénommé "Robotcub" ?
C'est un projet EU initié en 2004 qui implique 10 partenaires, coordonné par le LIRA-Lab de l'Université de Gênes. Le professeur Sandini est le coordinateur du projet, alors que je coordonne la réalisation de la plate-forme humanoïde (hardware et software) et David Vernon s'occupe de la recherche sur la cognition.
Le projet a trois objectifs:
- réaliser une plate-forme robotique humanoïde complète: 53 degrés de liberté, vision, toucher, ouïe, propre-perception (capacité de percevoir son propre corps dans l'espace), etc.
- transformer la plate-forme en un système open-source (comme pour linux), tant pour la partie hardware que software en sorte que d'autres laboratoires puissent travailler sur un système partagé.
- conduire et compléter un plan de recherche sur la cognition et en particulier sur les aspects de manipulation (d'objets, de générations de gestes, d'imitations, etc.)
Pour cela, nous travaillons en collaboration étroite avec les neuro-scientifiques. La caractéristique essentielle que devrait posséder le robot à la fin du projet est d'apprendre et développer les capacités citées ci-dessus à travers l'interaction avec l'environnement et non d'après les programmes des chercheurs.
Que signifie "fusionner robotique, nanotechnologie et neurosciences ?"
Le robot possédera les technologies traditionnelles (ex: moteur électrique, métal pour les structures). Dans le futur proche, nous voudrions passer à de nouvelles conceptions (muscles artificiels) et des structures osseuses plastiques, afin d'améliorer les prestations générales.
Fusionner robotique, neurosciences et nanotechnologies signifie utiliser mutuellement ces disciplines sur un projet commun comme peut l'être celui d'un robot humanoïde doté de la capacité d'apprentissage. Alors que les neurosciences peuvent servir de source d'inspiration pour la robotique, cette dernière peut également fournir de nouvelles informations aux neurosciences permettant de confirmer ou d'infirmer les modèles de fonctionnement du cerveau disponibles aujourd'hui. Evidemment, un raisonnement du même type peut se faire pour les nanotechnologies.
Avec Robotcub, vous reproduisez intégralement le cerveau d'un enfant de deux ans?
En réalité, seul le corps a les dimensions d'un enfant de deux ans et demi. Le cerveau est beaucoup plus difficile à réaliser. A la fin du projet (si tout va bien), le robot aura plus vraisemblablement les capacités d'un enfant de 10 mois.
Quels pourraient être les applications pratiques de ce projet ou de ses dérivés?
Le robot en soi est directement utilisable comme support aux handicapés, dans les usines, en conditions dangereuses pour l'homme.. Mais la vraie technologie révolutionnaire serait celle de l'intelligence (et de l'apprentissage de celle-ci). Les algorithmes et mécanismes qui permettent d'atteindre ce but peuvent être réutilisés partout: automatisation industrielle, transports, espace, contrôle de systèmes complexes, etc.
Les aspects humanoïdes sont-ils un détail d'esthétique ou de simples fonctionnalités du robot?
Ils sont fonctionnels. En bref, les neurosciences apparaissent quand le contrôle du mouvement peut modeler nos capacités cognitives et perceptives. Il n'existe pas de cognition sans un corps (au moins pour les systèmes naturels et biologiques que nous connaissons). Sans le corps, nous pensons qu'il n'est pas possible d'obtenir un modèle caractéristique du cerveau.
Courte animation de 10Mb d'une séance d'exercice de l'enfant robot iCub Téléchargement
Pour en savoir plus, contacts : http://www.robotcub.org
Source:
17 décembre 2007 2006 VENETO NANOTECH s.c.p.a. Via San Crispino 106 - 35129 Padova -Italy - Tél : +39 049 7705500, Fax : +39 049 7705555 - email: [email protected]
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Origine : BE Italie numéro 61 - Ambassade de France en Italie / ADIT