Au point de départ, c’est le vin qui intéresse Olivier Magny. Il a porté la bonne parole (aimez le vin français, il vous le rendra au centuple, on simplifie, bien sûr) un peu partout dans le monde avant de se réinstaller à Paris. Dans un bar à vin, cela va de soi.
Le poste d’observation semble idéal, si l’on en croit le résultat.
Il est possible de le chicaner un peu : d’un chapitre à l’autre, certaines redites donnent à penser que le livre a été écrit trop vite. Mais, après tout, il n’est pas vraiment conçu pour se lire d’un seul élan. Il vaut mieux l’avaler à petites gorgées, le laisser reposer, le reprendre. Toute la saveur est dans la modération.
Tous les animateurs d’un blog doivent se le demander : comment se fait-on remarquer par un éditeur au point de susciter chez lui le désir d’un livre ?
Aussi surprenant que cela puisse paraître, je ne me suis jamais considéré comme un « blogueur ». À dire vrai, le principe même des blogs me dérange. Tous ces gens qui se racontent, avec immodestie et sans pudeur, ne disent je trouve pas grand-chose de bon sur eux comme sur l’époque que l’on vit. Je ne lis donc jamais de blog. Et quitte à écrire quelque chose qui dans la forme s’apparente à un blog, je me suis dès le début de cette aventure fixé une règle cardinale : ne jamais parler de moi.
Peut-être ceci a-t-il contribué à rendre mon « blog » plus sympathique pour les lecteurs – car il parlait d’eux bien plus que de moi. Pour le reste, il faut, je pense, savoir écouter. Les commentaires aident à savoir si l’on est dans le juste. Si ce que l’on écrit résonne. À titre personnel, j’ai eu beaucoup de chance. La chance qu’Emmanuelle Heurtebize, directrice éditoriale, fût un jour assez audacieuse et imaginative pour voir dans ce blog écrit en anglais un livre écrit en français. Je lui dois une bonne partie de toutes les belles choses qui m’arrivent aujourd’hui.
De la note publiée sur Internet à ce qu’elle devient dans le livre, quel genre de travail avez-vous effectué ?
Un travail tout d’abord de traduction. Il m’a ainsi fallu trouver un style en français. La mécanique de l’écriture en anglais était bien rodée. Il fallait trouver de la justesse et du beau en français. Aller chercher de l’humour et du souriant derrière les mots sérieux du français. Une fois les textes bouclés, vint le travail d’illustration effectué par Marie Sourd. Son talent est une véritable bénédiction pour le livre. Chaque article est illustré, de la plus fine des façons, avec humour là encore et un style très enlevé.
Avez-vous pensé aux Lettres persanes de Montesquieu en vous demandant comment on peut être parisien ?
J’ai simplement essayé de faire ni trop faux, ni trop mal fichu. Je n’ai jamais espéré faire vrai ou joli. L’idée d’ouvrir les Lettres persanes et de me dire « Tiens, voyons comment il a bricolé ça le baron » ne m’a jamais effleuré. Et puis, à sa différence, je suis j’en ai peur juge et partie dans cette histoire.
Comment éviter la caricature ? Vous semblez mettre tous les Parisiens dans le même sac…
Beaucoup d’amis, de lecteurs me disent « oh, tu devrais écrire un article là-dessus. » Et le plus souvent, je m’en garde car une autre règle que je m’applique est que ce que j’écris dans ce livre doive fonctionner pour tous les Parisiens (le plus grand nombre en tout cas). Par-delà les âges, les quartiers, les classes sociales, les opinions politiques et les sociotypes. Ce livre n’est donc pas un livre qui décrit les bobos ou les csp+. Il décrit les Parisiens dans ce qu’ils ont en commun, de la vieille dame un peu chic au jeune étudiant négligé.
Au fond, puisqu’il ne s’agit pas vraiment de sociologie, avez-vous surtout voulu écrire un livre amusant ?
Oui. Quand je vois que dans certaines librairies, on trouve Dessine-moi un Parisien au rayon sociologie, je m’interroge sur ce qui doit être publié en sociologie de nos jours… Ce livre est avant tout un livre souriant. Qui je l’espère brosse un portrait dans lesquels les Parisiens se reconnaîtront et dont les autres se délecteront. Si en creux des choses sont dites, c’est tant mieux. C’est en tout cas l’équilibre que j’ai essayé d’établir entre justesse du trait et dérision affectueuse.
Les tics, les attitudes que vous décrivez sont-ils aussi les vôtres ?
Certains, oui. Mais je me soigne, docteur.