Feu

Très franchement, comme des centaines de milliers de personnes sur cette foutue planète, je fais partie des allumés qui furent illuminés par les canadiens d’Arcade Fire quasiment dès la sortie de leur premier album devenu aujourd’hui l’un des grands classiques de la première décennie de ce millénaire.

Très franchement aussi, comme des dizaines de milliers de fans de la première heure, avec la sortie du deuxième opus du groupe, je me suis dit que l’on se trouvait, une fois encore, face à une formation prometteuse en difficulté pour transformer l’essai. Même si leur concert aux « Nuits de Fourvière » m’avait rassuré, comme beaucoup de monde, le 2 août dernier, j’attendais la sortie de « The suburbs », troisième livraison du groupe, avec une certaine hantise et, je dois le dire, une confiance mesurée, me demandant fort légitimement quelle pouvait être désormais la trajectoire de la bande à Richard Reed Parry et Régine Chassagne.

Album en bon ordre, compositions évidentes tracées au cordeau, réalisation cousue main digne du meilleur artisanat d’art, cette troisième production des montréalais a de quoi rassurer même si parfois on peut craindre quelques envolées que l’on préfèrerait laisser aux meilleurs spécialistes du rock héroïque, autant dire le plus pénible. Avec ce « The suburbs », Arcade Fire a tout en main pour devenir un grand groupe populaire, rassembleur et facile d’accès mais aussi, il faut le dire, la capacité de sombrer dans ce rock liturgique plébiscité aux quatre coins de la planète, celui des Coldplay, Simple Mind et voire même U2.

Ce soir dans le vaste cadre de la Halle Tony Garnier nous allons en savoir plus même si tout porte à croire qu’avec « The suburbs » Arcade Fire est en passe de se hisser à la taille patron tout en cultivant le charme désordonné d’une…