Ce n’est pas
d’une importance capitale mais on a soudain oublié que même en dehors du PS , la politique est fondée sur des rapports de force et ils s’expriment partout, y compris à droite. En gardant la
mesure, Nicolas Sarkozy vient de l’apprendre à ses dépends. Le président de la République n’a pu que reconduire son premier ministre, ce n’était pas le scénario prévu. Fillon était présenté
par le Président comme son « collaborateur » et il a vertement répliqué que Sarkozy n’était pas son « mentor » et qu’il ne s’agit que d’une alliance ( que ce dernier a bien voulu accepter). Il se
pose ainsi au même niveau que son allié et d’égal à égal et repousse d’un revers de manche toute subordination à l’autre, c’est une première dans la cinquième République. Chaque Président a
veillé à la « popularité » de son premier ministre, trop nuit à l’image essentielle et au rôle du Président. La fonction a toujours fait office de « fusible » dans les moments difficiles et
Fillon n’a pas sauté. Il a clairement affirmé qu’il voulait rester, encore une première et l’a fait savoir a un Président qu’il sait dévalué et au plus bas dans les sondages. Bref, un Président
qui a perdu toute crédibilité y compris chez les siens.
Fillon a
gardé la confiance de la vieille droite traditionnelle et surtout l’appui des milieux d’affaire afin de poursuivre la politique mise en œuvre. A cette fin il faut de la crédibilité et si le
fond est le même, là c’est la forme qui l’emporte. Fillon a « désacralisé » le Président de la République pour le ramener à la dimension de Nicolas Sarkozy. 2012 se rapproche et le sortant risque
fort d’être sorti mais il leur faut éviter que la politique menée n’en souffre et Fillon est le nouvel homme de confiance, en attendant.
Le Président garde toutefois « la
main » avec la présence d’un fidèle au ministère de l’intérieur alors que les « chiraquiens » arrivent en force. Les rapports de force internes à l’UMP évoluent sous la pression des milieux
financiers représentés par l’actuel et toujours premier Ministre. Les affaires actuelles, « Bettencourt » et « Karachi » ne laissent rien augurer de bon au moment où se profilent de grosses
difficultés économiques, sociales et les radicalisations qui vont avec. Le grand patronat craint et redoute les grands rendez vous économiques internationaux avec une représentation française non
cadrée d’un Nicolas Sarkozy qui a perdu tout crédit sur le plan international.
Le pouvoir n’est pas serein, comme la classe dominante car plus qu’un changement en 2012, c’est la peur de la pression des éléments de la gauche radicale sur ceux qui éventuellement pourraient
revenir aux affaires. Ils ne laissent rien au hasard et préparent l’alternance afin d’éviter toute alternative. Fillon c’est le moyen de conforter un pouvoir qui se doit d’être fort et
éventuellement d’être en position de candidat pour les prochaines présidentielles. La bourgeoisie n’aime pas les jeux de hasard en politique et pour éviter les mauvaises surprises, rien de tel
que DSK et quelque soit l’élu, la même politique il déroulera. Avec toutefois un avantage pour DSK, comme « sédatif » à gauche et à une parti du mouvement social. N’est il pas le candidat préféré
et momentané du Figaro et le plus imperméable aux thèses de gauche.
Les
scénarios se mettent en place et Sarkozy ne semble pas retenu pour jouer les premiers rôles mais qui dit rapports de force, cela signifie qu’il y en a aussi en face , de la force. Oh !
certes il ne font pas dans l’artillerie lourde entre eux, en dehors de Villepin, non c’est dans le traditionnel, la dague c’est plus silencieux et moins médiatique. Et les « centristes »
dans tout ça ? Peu importe, qu’ils aillent avec DSK ou avec Sarkozy, ou Fillon, quelle différence , puisqu’ils n’iront qu’avec ceux qui proposent des politiques néo libérales fussent ils
étiquetés à gauche. Des forces, il en reste à Nicolas Sarkozy et elles tendent à baisser au fur et à mesure de son impopularité . Dans ces milieux il n’y a pas d’amitiés politiques, tout
est fondé sur les rapports de force et de l’utilité particulière de telle ou telle personne et qui est inutile à des fins personnelles , économiques et financières n’existe pas. L’intérêt
collectif, c’est pour les discours et seulement à usage externe.
Les rapports de forces évoluent
par nature et selon les intérêts. Rien n’est donc figé. Pour le moment Fillon a marqué son territoire au détriment de Sarkozy. « Cela nous fait une belle jambe ! » me direz vous avec raison, mais
puisque les faits existent, pourquoi ne pas en parler, d’autant plus que les médias officiels en tirent eux, d’autres conclusions.