Gil Courtemanche a exigé que l’on retire son « Je ne veux pas mourir seul » de la liste des finalistes du Prix littéraire Archambault pour se dissocier de l’empire Québécor, propriétaire de cette chaîne. Ça, c’est une chose. C’est son droit le plus strict, qui pourrait contester un tel choix ? Qui peut obliger une personne à être finaliste ? Et inversement qui peut obliger les finalistes (nommés ci-dessous) à ne pas l’être !
PRIX DU PUBLIC - Titres sélectionnés par les librairies Archambault et éventuellement soumis au vote du public.
¤ Paradis Clef en main, Nelly Arcand
¤ Dérives, Biz
¤ Maleficium, Martine Desjardins
¤ La canicule des pauvres, Jean-Simon DesRocher
¤ Mon vieux, Pierre Gagnon
¤ L'énigme du retour, Dany Laferrière
¤ La petite et le vieux, Marie-Renée Lavoie
¤ Dans sa bulle, Suzanne Myre
¤ La faim de la terre t.1 et t.2, Jean-Jacques Pelletier
¤ Ru, Kim Thùy
PRIX DE LA RELÈVE - Titres choisis par un comité de lecteurs des librairies Archambault et éventuellement soumis au vote du public
¤ Les seigneurs de Mornepierre, Isabelle Berrubey
¤ La louée, Françoise Bouffière
¤ Les révolutions de Marina, Bia Krieger
¤ La petite et le vieux, Marie-Renée Lavoie
¤ Je compte les morts, Geneviève Lefebvre
¤ Il ne faut pas parler dans l'ascenseur, Martin Michaud
¤ Confidences en trompe-l'oeil, Guy Mouton
¤ La foi du braconnier, Marc Séguin
¤ Ru, Kim Thùy
Question extraite d’une lettre signée par un des finalistes, Jean-Simon DesRocher :
«Si M. Courtemanche avait réellement voulu atteindre Quebecor Média, n'aurait-il pas fait mieux d'attendre que les finalistes soient révélés afin de préparer une action concertée avec certains d'entre eux? Cette question, je la pose en toute candeur, car étant en accord avec les principes énoncés pour justifier le retrait de sa candidature, je dois avouer que la validité de ses motivations et les conséquences de sa vision binaire me laissent aujourd'hui perplexe.»
Dans une entrevue accordée à Chantal Guy, Gil Courtemanche aborde cette question :
GC : «Et si j'avais eu les noms des autres finalistes, je les aurais contactés avant. J'ai demandé à tout le monde dans le milieu s'ils connaissaient les noms. Je n'en ai eu qu'un seul, que j'ai contacté, mais il n'était pas d'accord avec moi.»
À la question de Chantal Guy s’il ne fallait pas avoir les moyens financiers d’une telle position :
GC : «Je n'en ai pas les moyens. Je ne suis pas riche, et 10 000$ seraient très bienvenus. Ça ne m'est jamais passé par l'esprit. D'ailleurs, c'est la deuxième fois que je suis en nomination pour ces prix, et la dernière fois, j'ai accepté, parce qu'il n'y avait pas de lock-out.»
Autre question, tout aussi pertinente, toujours de Chantal Guy : Et ceux qui en sont à leur première nomination à vie, qui en sont à leurs premiers pas, qui ont besoin d'un coup de pouce?
GC : «Tous les écrivains qui vont mal actuellement vont mieux que les travailleurs qui sont dans la rue depuis deux ans. Ils continuent à travailler, ils croient en leurs rêves, ils ne sont pas humiliés et traités comme des moins que rien.
Ce que j’en pense
Mon opinion transparait déjà mais je rajouterai que c’est tout à l’honneur de Gil Courtemanche de poser un tel geste, j’aime les personnes qui vont au bout de leurs convictions. Qu’il ait l’idée d’inviter les autres écrivains à faire comme lui, pourquoi pas. Je dis bien « inviter », pesons le mot, une invitation implique une complète liberté d’accepter ou refuser. De quelle manière a été faite cette invitation ? Et quelle est l’attitude de GC devant les refus, là sont mes questions.
Je constate que les finalistes viennent à la défense de leur position comme s’ils étaient attaqués. Pourquoi ? Ils ont droit à leur opinion souvent basée sur leur position unique sur l’échiquier du monde de l’édition. Quand GC déclare qu’un 10,000 $ aurait été bienvenu, on s’entend que TOUT LE MONDE rajouterait un 10,000 $ dans ses poches, mais indéniablement certains en ont plus besoin que d’autres. D’ailleurs, il mentionne que 10,000 $ ait été en jeu ne lui est même pas venue en tête ! Ça rajoute à mon avis que ce montant serait de l’ordre du surplus. Gil Courtemanche n’est pas dans la rue avec ses succès littéraires portés en film, ses chroniques régulières au journal Le Devoir. et multiples invitations à des conférences. Ce qu'il récolte est mérité, là n'est pas la question, mais qu'il a moins à gagner et donc à perdre en retirant son nom.
Un écrivain est lu s’il sort un peu de l'ombre, être finaliste pour un Prix en est une manière, et il y en a plusieurs autres. J’en viens à croire que des écrivains à leur début sont autant en peine que certains journalistes en lock-out. Et il est bien entendu pour moi que je laisse aux écrivains, un à un, le loisir de l'évaluer.
Que chacun des écrivains en nomination soit fiers de l'être !! Qu’ils prennent le meilleur de cette controverse : on parle du Prix, et par ricochet d’eux. Alors, bravo, mission accomplie monsieur Courtemanche ! Peut-être pas celle que vous aviez en tête cependant.
Mais qui peut se vanter d’avoir le contrôle sur la Vie ... et sur des finalistes à un Prix littéraire ?
Article complet de Chantal Guy d'où j'ai tiré les réponses de Gil Courtemanche.
Chronique de Jean Barbe sur la même question