Didier Marcel emprunte au réel et sculpte sur nature. Que l’empreinte soit prise sur le vivant ou le minéral, ou que le modèle soit lui-même artificiel, le choix procède toujours d’un rapport très personnel à la banalité, à tout ce qui est ordinaire, invisible, tout se qui se fond dans le paysage.
L'exposition de Didier Marcel démarre par une renversante version rouge de sa série Labour, emblématique du travail de l'artiste passionné par le matériau terrestre.L'oeuvre, constituée de moulages de réels morceaux de terres labourés, est accrochée au mur, aux croisements du réel et du virtuel, de l'horizontal et du vertical, de la sculpture et de la peinture.
Au dessous, la moquette évoque le tableau de Malevitch La Charge de la cavalerie rouge (1928).Le tableau est au sol, le sol est au mur.De la charge militaire ne subsiste que le vestige d'une terre labourée et une couleur.
La salle suivante, toute en longueur, déploie un travelling composé d'un mur de rondins de bois, de bloc de pierres blanches agrémentés de corbeaux et d'un grillage métallique comme ceux qui encadrent les voies TGV.Tout paraît familier dans ce paysage mais tout est faux : les pierres sont en papier moulé, le bois est factice, les corbeaux ne sont que des chiffons de plastique et le grillage est un dessin posé sur le mur.
Suivant une forêt de troncs et des maquettes de bâtiments ravagés, la dernière salle représente une clairière peuplée de cerfs métalliques, évidés, dont ne subsistent qu'une forme géométrique.Le résultat est très poétique, évoquant la nature et la modernité.
Du 8 octobre au 2 janvier 2011.
Didier Marcel avait présenté plusieurs de ses oeuvres au MUDAM Luxembourg en 2009, dont le très beau Sans titre (Champ de blé aux corbeaux) (2008), clin d'oeil à Van Gogh et Duchamp.