Un prof suspendu pour avoir diffusé une vidéo anti-IVG

Publié le 25 novembre 2010 par Mcetv

A Manosque, un prof d’histoire-géo a été suspendu quatre mois pour avoir diffusé un film de propagande anti-avortement à ses élèves de seconde

Dans le lycée des Iscles, à Manosque dans les Alpes-de-Haute-Provence, le mois dernier, un enseignant projette un film pour le moins écœurant, ouvertement hostile à l’avortement, dans le cadre de son cours d’éducation civique. Outrepassant ses droits, il est fait actuellement l’objet d’une enquête administrative, et vient d’être suspendu de ses fonctions.

Ce n’était pas la première fois

Intitulé No Need to Argue (« Pas besoin d’argumenter »), le film met en scène une succession de séquences sanguinolentes sur fond du dramatique Light and Shadows de Vangelis. Difficile d’accepter ces images insoutenables, montrant des techniques d’avortement, des seaux de sang et embryons morts secoués par les pieds, et des fœtus parfois disloqués. Maxime, un des élèves, est sous le choc, et témoigne que le professeur n’en est pas à son premier coup d’essai : « Moi, j’ai quitté la salle, avec deux de mes camarades, mais les autres sont restés jusqu’au bout, tétanisés. Ce n’était pas la première année que ce professeur d’histoire-géographie mettait ce film pro-vie au programme de son cours, et je m’étais mis d’accord à l’avance avec mes parents pour sortir si jamais il recommençait ». Certains élèves, écœurés par les images, en ont même été malades !

Des tracts anti-avortement diffusés

La vidéo n’est pas le seul dérapage de cette affaire. L’enseignant pousse le militantisme jusqu’à diffuser des tracts d’une association anti-avortement, ajoutant qu’il ne fallait utiliser ni la pilule ni le préservatif. Le rectorat, à la demande du Ministre de l’éducation nationale, a décidé de suspendre l’enseignant durant quatre mois. Des sanctions disciplinaires sont également en réflexion. Elles pourraient aller du simple blâme à la radiation définitive.

Si ce principe paraît acquis, il semble nécessaire de rappeler parfois que dans un établissement républicain, un enseignant ne doit en aucun cas user de sa fonction, ou de son autorité pour défendre des convictions personnelles, d’autant plus si elles remettent en cause le bien-fondé d’une loi. Promulguée le 17 janvier 1975, la « loi Veil » (portée par Simone Veil), permet d’interrompre une grossesse jusqu’à 12 semaines, au nom du principe de liberté individuelle.

Lauren Clerc


Photo Lycée Des Iscles CC @Eric Camoin pour la Provence