Quand vient le temps d'annoncer la nouvelle sortie d'un spectacle, je n'ai jamais réèllement compris l'idée d'interviewer des personalités connues à la sortie dudit spectacle.
L'artiste est presque toujours ami d'un autre artiste. Surtout au Québec où on est si peu nombreux, les jalousies se vivent en privé. Quand un artiste sort d'une pièce, d'un spectacle, de la fréquentation de l'univers d'un ami, il ne lui plantera pas un poignard dans le dos.
Je comprends encore moins la motivation de l'artiste à se laisser prendre au micro. Le risque est grand. Si il dit qu'il est soufflé par ce qu'il vient de voir et que le spectacle devient un bide total, sa crédibilité d'homme, mais peut-être d'artiste aussi, en sera drôlement entachée. Il peut aussi briser des amitiés si il est trop honnête.
Je comprends encore moins certaines mises-en-scène de publicité. Un grand fabricant de voiture nous présente des gens qui commencent des phrases, adréssées dirctement à la caméra(à nous), des fois de loin, des fois de très près, des phrases complétées par d'autres, des phrases aussi dangereuses que "Ils sont obssédés par l'économie d'essence". Les obssessions ont à la source une certaine forme de démence, j'essaie d'éviter ses gens. En plus de nous parler en nous tenant par la main comme si nous avions 4 ans d'âge mental, ce fabriquant a cru bon de nous jaser de ses obssessions. Ça me soulage quand même un peu de savoir que leur obssession ne soit pas les espadrilles ou la plongée sous-marine.
Dans une autre pub, une jeune femme dynamique s'adresse à un public beaucoup moins dynamique sur un programme d'assurances pour ainés. Elle a à débiter un texte si lourd de platitudes qu'on a choisi de la faire marcher d'un pas vif, dans quatre costumes différents, dans quatre directions différentes. Je fantasme chaque fois sur l'idée qu'elle pourrait être freinée dans son élan par une baie vitrée, ou qu'un de ses talons glisse sur un parquet trop lisse et qu'elle en plante. (bon ça va, get a life, I know).
Dans une autre pub encore plus moche, on apperçoit une route de campagne avec au loin une jeune femme qui fait du vélo et se dirige vers la caméra (nous). Une fois tout près, une voix hors champs de femme lui demande: "Excusez-moi madame, mais que faites vous?". Celle-ci lui répond "j'économise". Ce qui est d'abord faux car elle DÉPENSE de l'énergie, mais voilà aussi l'une des questions des plus bêtes jamais posées.
Quelqu'un qui fouille dans un panier, quelqu'un qui travaille sous une voiture, quelqu'un qui embrasse votre amoureuse sans préavis, on peut lui demander "Excusez-moi, mais qu'est-ce que vous faites?" mais quelqu'un qui fait du vélo, que fait-il donc?
Tout le monde le sait, il digère son souper après avoir signé des papiers de divorce avant d'être allé chercher sa fille à son cours de théâtre.
Mais dans une pub de 30 secondes, les mises-en-scène sont prévues, nécéssaires au bon fonctionnement des codes de compréhension.
Toutefois quand on se réclame de la télé-réalité, que l'on emprunte les voies du documentaires, que l'on est diffusée sur une station qui a comme slogan les mots "C'est Vrai", il est de son devoir de ne pas prendre son auditoire pour une valise du banquier.
Depuis hier, apparait sur nos ondes une émission qui traite de phénomènes dits paranormaux et d'esprits invités à communier parmi les vivants.
Attention, je n'ai rien contre ce type d'émissions, je dirais même que j'y trouve un certain intérêt pour avoir vécu des choses relativement dérangeantes dans ma vie à l'égard de récents disparus.
Si il n'y avait pas des gens connus qui venaient nous parler à la caméra pour nous "convaincre" de leur expérience, ce type d'émission y gagnerait déjà beaucoup. Des acteurs, s'est formés et payés pour nous faire croire toutes sortes de choses. De nous donner du André Robitaille ou du Chantal Lacroix à l'image pour nous convaincre, troublés...pleeeeeeeeeeeeeeeeeease!!!!
Donnez-nous de purs inconnus, une caméra discrète, malhabile et peu télévisuelle, de l'éclairage sombre, naturel, sinon inexistant, la meilleure équipe de son possible et plantez-nous l'émission l'hiver passé 21h30 et nous commencerons peut-être à commencer à trouver que "C'est Vrai".
Un petit peu. Si dehors le vent hivernal fait "whuuuuouuu" au bon moment.
Mais nous montrer une table qui s'agite sous la supposée emprise d'esprits vengeurs avec des personnalités connues tout autour, même avec un effet de ralenti, ça donne envie de rire.
Les âmes perdues ne sont pas de grands partisans de la lumière, des régisseurs, des directeurs de plateau et des maquilleurs.
Prenez ce conseil d'un ancien esprit.
Quoi? je ne vous l'avais jamais dit?
J'ai été un temps l'esprit de Giacomo Casanova.
Dans la deuxième de mes neufs vies...