Le comédien anglais Nigel Hollidge propose au théâtre de la Boutonnière un spectacle autour de William Kemp, célèbre clown de l'époque élisabethaine qui rejoignit la troupe de Shakespeare et y connut un franc succès avant de la quitter pour des raisons méconnues que l'auteur-inteprète tente de mettre à jour. Cela s'appelle "Moi... Et Shakespeare".
A travers le parcours évoqué et supposé de ce clown qu'il incarne, Hollidge nous présente une période de l'histoire où le théâtre d'auteur faisait son apparition, délaissant peu à peu les tréteaux de foires populaires et leurs pochades grivoises largement improvisées pour intégrer des salles de spectacle construites spécialement pour accueillir des textes plus respectables, à destination d'un public plus "haut de gamme" et moins friand des gigues et autres gaudrioles.
Si la démarche est passionnante, si l'idée retient notre attention, l'écriture comme l'interprétation se révèlent un peu maladroites, et le style n'est pas grand.
S'adressant directement au public, le clown Kemp parle de son art, et nous le donne à voir. Des tentatives de numéros comiques pas très drôles (à la manière de...) mettraient presque le spectateur mal à l'aise, car clown, Nigel Hollidge ne l'est pas (du tout!) et cela tombe franchement à plat.
Il est plus juste en revanche dans l'évocation des rapports de l'artiste avec "l'autre William", sa vision des textes et rôles écrits par Shakespeare, dans leur interprétation aussi, dans la narration de son aventure au sein de cette troupe, montrant le décalage grandissant qui se créa entre lui et ses collègues "comédiens", annonçant un départ inéluctable.
Un texte qui manque de force et d'efficacité et des égarements du côté du jeu clownesque rendent malgré tout difficile la recommandation de ce spectacle.
Nigel Hollidge possède pourtant une personnalité attachante.
C'est dommage.