Hunter Thompson, c’est l’Amérique des années 1960 et 1970, celle de la contre-culture et de la libération des mœurs, de la provocation et de la contestation politique. Ca ne vous situe pas forcément le personnage, auteur de « Las Vegas Parano », quand même, récit rageur et délirant d’un homme parti à la recherche du rêve américain. Au cinéma Terry Gilliam l’a adapté en 1994 avec Johnny Depp dans le rôle de l’écrivain. Depp, que l’on retrouve justement dans cet excellent documentaire sur ce trublion génial, formé dès sa jeunesse à la révolte quotidienne. Ses copains sont tous riches et lui demeure de l’autre côté de la barrière. Marqué pour la vie, il sera provocateur ! Chacune de ses investigations, véritables immersions au cœur de ses sujets, donnent naissance à des enquêtes bourrées d’anecdotes, et d’expériences souvent à la limite de la légalité.
Des images d’époque, des archives filmées et des témoignages tous azimuts, de Jimmy Carter à Tom Wolfe, en passant par ses deux épouses, nous dévoile ainsi la personnalité de ce trublion génial, amateur d’armes et d’alcool, qui se suicida en 2005 d’une balle dans la tête. La manière dont Alex Gibney , conduit son récit est assez particulière, rejetant la linéarité d’une existence pour mieux en extraire ses pièces maîtresses et les conséquences souvent néfastes dans lesquelles elles l’entraînaient. Il y a d’abord cette intrusion chez les Hell’s Angels qui le fascinent et lui procurent ses premiers reportages underground. Mais tout ce qui est violence le répugne (il assistera à un viol collectif), au même titre que la répression qui s’abat sur les défenseurs des droits civiques aux USA.
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A travers l’histoire d’un homme, c’est bien celle de l’Amérique que Gibney nous dévoile de manière aussi limpide et documentée, alternant le témoignage à la reconstitution, via des passages inouïs comme cette candidature au poste de shérif à Aspen dans le Colorado. « Gonzo » est du même acabit que cet autre excellent documentaire sur Harvey Keitel ( dans ce blog ). C’est tout dire.
Mais encore Le journalisme gonzo est une méthode d’investigation journalistique axée sur l’ultra-subjectivité. Son approche « hard » du reportage par son irrespect des convenances, son horreur de la langue de bois et le regard dur et déçu qu’il porte sur son pays, sur ses villes en perdition sont sa marque de fabrique. Cet homme, au look et à l’attitude du rockeur idéal, incorruptible rebelle réfractaire à l’autorité en éternelle quête de sensations et de vérité, aura à peu près tout essayé de ce qui ne s’apprend pas dans les classes de journalisme.
Compléments
Séquences additionnelles (34 mn)
Où l’on apprend notamment l’origine du mot « gonzo » que l’on doit au chanteur James Booker.Deux de ses titres apparaissent dans le film. Ses premiers dessins , une lettre de refus-type pour des poèmes impubliables que Thompson soumet en personne à son éditeur , ou l’anecdote de Jimmy Carter alors en campagne pour les primaires sur un hôtel en feu , là encore on ne s’ennuie pas avec ces scènes additionnelles .
5 scènes coupées (19 mn)
Une partie de foot sur la neige, une séance de dédicaces sans grand intérêt , sinon pour constater la popularité de l’auteur ou bien encore une publicité pour un journal dans lequel l’auteur va bientôt collaborer….
Galerie de dessins de Ralph Steadman
Il faut absolument les voir , c’est ahurissant et plein de créativité. Watkins a su aussi croquer l’individu . C’est notre photo ci contre
« La plume enragée de Hunter S. Thompson : » livret de 48 pages, compilant lettres extraites du recueil Gonzo Highway, illustrées de photos rares