Écrit par Cameroon Tribune
Le premier navire devrait accoster en 2013. Plus que 36 jours donc, pour respecter les prescriptions présidentielles. Et on affirme ici être suspendu à l'indemnisation des riverains. « On n'attend plus que le décret d'indemnisation du chef de l'Etat », confirme le directeur du projet, Louis Nlend Banack B. Pour lui, le premier navire devrait accoster en 2013 au port en eau profonde de Kribi. D'ici là, une revue des activités menées au 22 novembre 2010, et des perspectives, a été effectuée hier au siège du Gicam, afin de susciter l'adhésion du secteur privé à ce projet colossal, facette importante des Grandes ambitions du président Paul Biya. CT fait le point.
Ce qui a été fait
Selon Louis Nlend Banack, il a fallu déterminer le site du projet, en février 2009. Le schéma général des aménagements portuaires au sud de Kribi prévoit des installations portuaires sur les sites de Kribi, Grand Batanga, Mboro et Lolabé. Le site de 26.000 hectares, selon lui, a été acquis officiellement depuis le 14 octobre 2010, par un décret d'expropriation, après tous les préalables pris par le Mindaf. Le site représente 30 km le long de la mer et donne lieu à ce qu'il faut désormais appeler le complexe portuaire de Kribi. Le programme d'investigation est en cours d'achèvement, qui a permis d'élaborer le dossier technique des ouvrages à construire depuis janvier 2010 et qui sera mis à disposition avant la fin de cette année.
Ce qui sera fait
Louis Nlend Banack est confiant : « Tout est mis en œuvre pour que nous démarrions en décembre 2010. La seule opération qui nous empêche de le faire, c'est l'indemnisation des populations. » Le volume des indemnisations des 26.000 ha s'élève à 24 milliards de Fcfa. Ils sont étalés sur trois ans. Louis Nlend Banack estime que 3 milliards de Fcfa sont déjà disponibles pour indemniser les personnes installées sur le premier site des travaux. Après cela, les travaux proprement dits devraient, selon le chronogramme, démarrer en décembre 2010 par la réhabilitation de la route d'accès au site portuaire (40km entre Kribi et Lolabé) et les terrassements généraux pour l'aménagement des plateformes devant recevoir les installations portuaires, industrielles et sociales. Selon le directeur du projet, la construction des infrastructures portuaires de base telles que la digue de protection, le quai, le terre-plein, le chenal d'accès, devrait démarrer en juin 2011.
Les entreprises choisies
Des structures ont été présélectionnées pour financer et effectuer les travaux, dans un processus qu'on appelle ici la pré-qualification. Les procédures de sélection des partenaires se tiennent depuis janvier, 2009. Courant 2011, ces entreprises seront définitivement qualifiées. Essentiellement, dans la construction de la digue de protection, les quais, dragages et remblais, les entreprises Boskalis International et Vinci Grands projets Sogea/Satom sont annoncées. Pour le terminal à conteneurs, le Groupe Bolloré est bien placé, alors que pour la construction et l'exploitation du terminal aluminium, Rio Tinto Alcan est en pole position. Pour les hydrocarbures, deux structures sont en concurrence : la SCDP qui s'est alliée un partenaire étranger, Angelique ; et le groupement Camship/Petredec. Pour ce qui est du terminal minéralier, Cam Iron est en lice.
Coûts et financements
La construction des infrastructures portuaires de base devrait coûter la bagatelle de 400 milliards de Fcfa. L'ensemble des investissements portuaires d'ici 10 ans devrait attendre 50.000 milliards de Fcfa, si l'on prend en compte les investissements des différentes entreprises dans le complexe industriel. Notamment, Rio Tinto Alcan, dont l'usine d'aluminium va à elle seul coûter près de 8.000 milliards de Fcfa. Elle devrait produire 400.000 tonnes la première année, et pourrait aller jusqu'à 1 million de tonnes d'aluminium, en capacité de production, soit 12 fois celle d'Edéa. « On a déjà mis environ 80 milliards de Fcfa dans ce projet, estime Louis Nlend Banack. Ce sont des financements de l'Etat du Cameroun. Les 400 milliards ne sont pas dans un coffre. Ils sont acquis au fur et à mesure des besoins. On espère avoir une part dans l'emprunt obligataire lancé par l'Etat, qui devrait permettre notamment la construction des installations d'accostage, cette espèce de port par lequel, les navires vont accoster pour les constructions. » Il est prévu que les partenaires privés apportent le financement et construisent les infrastructures de base (financements endossés par l'Etat) ou apportent le financement, construisent et exploitent les terminaux portuaires et se rémunèrent au travers de conventions de concessions passées avec l'Etat.
Les retombées
Il va sans dire que le complexe portuaire de Kribi aura d'énormes retombées lors de sa mise en exploitation, début 2013. Au premier rang desquelles, la création de 20.000 emplois directs et autant d'emplois indirects. Les entreprises locales sont fortement appelées à s'y investir. Dans ce sens, une cellule a été ouverte à la direction du projet, afin de recueillir leurs doléances. Le transfert des compétences n'est pas en reste et plusieurs domaines tels que les études et prestations intellectuelles, la fourniture, le financement, la maintenance et l'entretien, interpellent les locaux. Au volet respect des calendriers, on affirme être dans les temps. « On est allé plus vite que le temps nécessaire, souligne Nlend Banack, ceci grâce à l'implication personnelle du Minepat, Louis Paul Motaze. Le projet induit de nombreux partenaires et la plupart des ministères sont associés. »