Comme souvent, c'est au nom de la volonté de privilégier un autre site voisin plus rentable (Florange) que le numéro un mondial de l'acier opère de sombres coupes dans ses effectifs et dans le paysage économique mosellan.
L'environnement n'est pas oublié : c'est parce que le four électrique consommerait trop d'énergie qu'une réorganisation est en partie menée. L'Union Européenne limitant les droits à émettre du CO2, Arcelor Mittal se doit de s'en aller...
Assiste t'on là aux prémices d'une nouvelle cause de délocalisation ? après la proximité des matières premières, le coût de la main d'oeuvre et des terrains, voici venu le temps des fermetures pour cause d'environnement...
Le tout puissant Lakshmi Mittal (troisième fortune mondiale) engage là une autre facette de ses talents de gestionnaire d'un groupe planétaire après avoir un temps privilégié le stand by et l'observation. Sa visite du site cet été fait, à posteriori, froid dans le dos...
Ce qui intrigue tout de même dans cette décision, au-delà des motifs, c'est de constater que Mittal Steel a volontairement redressé la pyramide des âges de l'entreprise en ce début de XXI° siècle en embauchant pas moins de... 300 personnes ! Devenu la vitrine sociale du groupe indien, c'est le site de Gandrange qui fut même mis en avant notamment en 2006, lorsqu'il fallut convaincre à l'heure d'englober Arcelor et rassurer sur le maintien des emplois.
"L'Europe a les pieds pris dans sa tradition industrielle et encore aujourd'hui, bien peu de groupes européens sont des leaders mondiaux. Cette transaction va changer les choses. Une entreprise européenne va devenir le numéro un indiscutable de l'acier", affirme avec conviction Lakshmi Mittal en avril 2006 à ... Gandrange.
Tout cela pour en remercier 700 ensuite et laisser comme un arrière goût de cinéma à la mode hollywoodienne indienne...
Il va sans dire que le coût social à payer pour ses régions est inestimable si l'on veut bien prendre en compte également les dégâts que cette mesure va engendrer dans un tissu dense de sous-traitants et de sociétés de services...
D'autant que le site de Florange, jusqu'ici préservé, n'a devant lui aucune certitude et que la menace d'un départ massif des investissements vers l'Allemagne voisine se murmure.
Un coût social qui ne sera guère compensé par l'investissement initial si l'on veut bien se souvenir qu'en 1999, Mittal rachetait le site pour un... euro symbolique !
Un coût dont n'a que faire la multinationale indienne. Dans un contexte de boum du marché de l'acier, elle peut afficher sur son dernier trimestre un résultat net de 2,96 milliards de dollars (2,155 milliards d'euros), en progression de 35,6%. Son chiffre d'affaires dépasse les 25 milliards....
Et maintenant ?
oh du grand classique chez nos politiques tout puissants dans les médias mais si impuissants dans la vraie vie, ceux-là même qui se réjouissaient en 1999. Ils s'offusquent, se scandalisent, craignent les conséquences à l'approche des élections municipales, n'avaient rien vu venir.
Curieux tout de même. Mittal n'en est pas à son coup d'essai. En rachetant le géant américain ISG en 2005, il planifiait bien 45 000 suppressions de postes avant 2010...
Un euro symbolique contre 700 emplois c'est un peu cher payé le prix de la liberté d'entreprendre. Est-on donc condamner à subir la mondialisation et son cortège de fermeture et de disparition sans réagir ? sans garde-fous ? en laissant des actionnaires millionnairesgagner toujours plus ?
Certes Gandrange n'est pas Petra et les licenciés ne sont pas des otages. Pour autant ici se vit le quotidien de bien des français, oubliés, abandonnés, ils ne demandaient pourtant qu'à travailler.