11 novembre

Publié le 11 novembre 2010 par Lommedesweppes
Je suis né il y a 44 ans à Saint-Pol-sur-Ternoise, petite ville rurale dans la riante vallée de la Ternoise.
Jeunes écoliers, nous étions mobilisés chaque année pour participer aux défilés des commémorations des 11 novembre et 8 mai. Il faut avouer qu'enfants, nous comprenions peu ce qui se passait. Nous voyions des "vieux" (dont les plus jeunes avaient l'âge que j'ai maintenant) se remettre des médailles et se congratuler chaleureusement.
Mais il est vrai que nous n'avions pas connus ces évènements dans notre chair. De part la tranquillité dans laquelle nous vivions, nous étions les héritiers et les bénéficiaires de leurs combats, mais nous ne le percevions pas. Bien que féru d'histoire, il m'a d'ailleurs fallu du temps pour percevoir les horreurs de la guerre et l'immensité des sacrifices consentis.
Je suis retourné l'été dernier à Saint-Pol, sur les traces de mon enfance. Mes pas m'ont mené sur le Mont, où était bâti au Moyen Age le château des comtes de Saint-Pol, bras droits des ducs de Bourgogne. Ce château n'existe plus aujourd'hui. Mais sur un de ses flancs dominant la ville sont installés les cimetières civil et militaire. J'ai dû y venir enfant, un 11 novembre ou un 8 mai, mais je ne m'en rappelle plus.
J'ai observé de près les noms sur les stèles. Au centre, au premier rang, se trouvaient les croix de Jean Bardy et de François Gelas. Au centre, entre les deux, il y avait la stèle d'Ouman Ben-Kidir, tué en 1915. La proximité des stèles était là pour rappeler la camaraderie des combats, le partage des souffrances et de la peur.
Il n'était d'ailleurs pas le seul dans ce cimetière militaire à porter un nom d'origine méditerranéenne, de l'autre côté de la Grande Bleue. A ces fils du soleil, on ne leur pas demandé s'ils étaient Français, ni s'ils avaient un titre de séjour. On leur avait dit que ces tranchées de Flandre et d'Artois, c'était leur pays, qu'il fallait venir le défendre et le cas échéant mourir pour lui.
Alors merci à toi, Ouman Ben-Kidir, et à tous tes frères.