Etat chronique de poésie 1058

Publié le 25 novembre 2010 par Xavierlaine081

1058 

Sans faire abstraction de notre capacité d’indignation, mes yeux circulent et lisent. 

Il en est toujours pour trouver circonstances atténuantes aux membres du pouvoir. 

C’est qu’être conforme est synonyme de confort et tranquillité d’esprit. 

Plus facile de vivre dans l’hypothèse des certitudes et la myopie de l’approbation, 

Que dans celle du doute et des sempiternelles questions. 

C’est ici pourtant que se distingue notre humanité : 

Nous sommes questions sur deux pattes, dès que nos pupilles embrassent l’horizon. 

Demain, un grand bruit gagnera les places et les cours, 

Un grand fracas de couvercles, casseroles et autres crécelles ; 

Mais déjà ce sera l’hallali d'une mobilisation, 

Et chacun rentrera dans le rang, 

Le petit homme pourra savourer cette triste victoire, 

Buvant à la santé familiale des comptes partagés. 

Perdus dans l’aigreur d’un matin sans avenir, 

Les exclus ravaleront leur espoir, 

Un moment dressé en oriflamme, 

Au magasin des accessoires.

Il n’est point d’avenir véritable à qui ne se creuse cervelle pour se l’inventer. 

A tout attendre des ors républicains, on finirait par prendre racine. 

Tête chenue a vite perdu sens de l’enthousiasme. 

Ne reste alors que maigre pitance à partager, 

Sur les trottoirs de l’absurde, devenus l’ultime refuge. 

Un vent froid descend ou monte. 

Quelque chose dans l’air qui relève d’un dérèglement. 

C’est couleur d’époque que dérégulation forcenée. 

Plus de règle, plus de morale, 

Le cynisme en pensée inique, 

Et l’humain enterré profond. 

Ce qui est visible 

Dans l’immobilité des statues,

Est qu’elles n’iront plus nulle part, 

Arrêtées dans leur geste désormais vain. 

Manosque, 25 octobre 2010

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